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TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES. 467 dors en paix ,- car l'homme de ces rivages favorise's du ciel aime comme toi ses plaisirs et son repos. A notre réveil et selon la promesse de notre hôtelier, nous eûmes à notre disposition la collection la plus nombreuse, sinon la plus brillante, de mulets, d'ânes et de guides qu'il fût permis de désirer. Chaque muletier exaltait le mérite de sa monture. Signor marquese, c'est doux comme un agneau! Que son pied est sûr ! quelle constance dans la marche ! •— En voici une qui est faite pour vous, signor duca, dit un guide s'adressant à notre ex-père adoptif. Au bout de six pas il fallut y renoncer, elle s'abattit. Le cheval borgne que je mon- tais me parut plus solide ; je le cédai, malheureusement cette seconde épreuve ne fut guère plus heureuse. A cent pas no- tre infortuné compagnon, ne pouvant plus le faire avancer mi reculer, fut réduit a enrouler la bride autour de son bras et à le hisser durant cinq heures de marche, n'ayant pris pour se réconforter qu'une tasse de lait. L'aspect des ruines d'Alba-Longa vint nous distraire au milieu de nos tribulations ; le berceau d'un grand peuple intéresse toujours, lors même qu'il n'en reste que d'informes débris. Ici ont palpité de nobles cœurs, ici l'amour de la gloire a enfanté des héros qui ont étendu le territoire restreint d'une patrie naissante. La, des hommes comme nous ont aimé, ont souffert et sont morts ! N'est-ce point assez ? Enfin nous atteignons le sommet du Monte-Cavo. Une voie aux larges et irrégulières dalles y conduite. Elle date, dit-on, de Romulus et servit aux fondateurs de Rome pour l'enlève- ment des Sabines ; c'était une inauguration digne du peuple- brigant. En ce temps-1'a Jupiter Latial avait un temple vénéré de tous les peuples du Latium qui y célébraient les fêtes de la concorde et de la paix, choses peu respectées de ce peu- ple. Sous le règne des rois, durant la république et au corn-