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TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES. -565 « reur. Je vous l'accorderai comme à mon lils. » — Saint Nil posant alors sa main sur la poitrine du prince : — « La « seule chose que je vous demande est que vous pensiez au « salut de votre âme : quoique vous soyez empereur vous « mourrez , et comme les autres hommes vous rendrez un « compte terrible à Dieu. » — Moins riche, mais plus heu- reux que l'empereur d'Allemagne, nous pûmes faire accepter au successeur de saint Nil une modeste offrande. A Albano donc ! dîmes-nous à notre cocher. — A cette heure, mes nobles seigneur, la route n'est pas sûre. — Tenez, cocher, voila un pour-boire pour cette bonne pa- role. — Notre Automédon reconnaissant nous promit aide et appui en cas de danger, et il fut immédiatement convenu que Paul et moi nous nous ferions passer pour les fils du direc teur de la douane qui tâcherait de satisfaire le premier ma- landrino qui nous demanderait la bourse ou la vie. Sauf à partager les frais par tête , ce qui fut accepté de part et d'autre avec l'entente la plus cordiale. A la place des bri gants demandés, nous rencontrâmes de distance en dis- lance de charmants groupes de jeunes filles portant sur leur tête des vases de cuivre, en forme d'urnes antiques. Le type de leur figure appartient a la Rome antique, tant les lignes sont, pures et correctes. Les manches lisses de leur corsage se terminent sur l'épaule en rosette. La plupart ont les bras nus. Un coussinet de toile blanche, entourée de dentelle, forme dans son ensemble une charmante coiffure. Corsages et jupons de couleurs voyantes complètent ce cos- tume si pittoresque préféré par les femmes de Marino. De loin en loin des paysans assis sur leur char rustique s'abri- tent contre les derniers rayons du soleil à l'aide d'un évan- tail de joncs qu'ils font mouvoir à volonté sur un pivot mo- bile. Comme fond de cette gracieuse scène , a l'ouest le joli petit lac de Gondolfo, doré par les reflets d'un ciel splendide, 30