Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.460

    TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES

                            fsUITE).




   Votre cheval marche-t-il encore? —• Sur cette demande
faite d'un ton sérieux, le cocher enveloppa son haridelle
de trois coups de fouet bien assénés. Au premier, la bête
secoua les oreilles comme si elle eût été piquée par un taon :
au second, elle leva une de ses jambes de devant; au troi-
sième , mue en quelque sorte par un ressort puissant, elle
lit le tour de la place Colonna au galop. L'épreuve ne me
parut pas assez convaincante : pour huit personnes je sou-
tins qu'il fallait deux bonnes calèches tirées par deux che-
vaux non empaillés. Un Marseillais nous fournit ce double
attelage qui nous transporta bien vite à Frascati. Honneur
mille fois à Virgile Grégoire! Mais j'en reparlerai en temps et
lieu. Il mérite la confiance de tous les Français qui vont à
Rome et veulent avoir un Automédon bon teint.
   La sculpture, la propriété, l'architecture, les douanes, les
finances, avaient dans notre société leur représentant. Un
mot sur chacun de nous.
   Notre ancien directeur de la douane était gros, court et
réjoui. — Notre propriétaire aimait le confortable et disait
en parlant de Rome : Fuit. Quant à notre architecte, avec
sa face longue et maigre, sèche comme la pierre, il faisait
involontairement songer à la louve du Dante « qui dans sa
maigreur paraissait chargée de désirs et qui a déjà forcé bien
des gens à vivre misérables. » Un élève de sculpture et un
jeune surnuméraire des finances fermaient cette intéressante