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                        DE GUICHENON.                       429

le corps de son récit que sous la condition expresse et le
serment de garder un silence absolu sur tout le reste. Cet
usage était le même pour tous les gouvernemenls et dans
 toutes les cours. Cependant Perrinet Dupin ayant pris sa
mission au sérieux, et voulant voir clair dans les événements
qu'il avait à raconter, ne se lassait pas de solliciter la per-
mission d'explorer les titres et papiers nécessaires à son tra-
vail ; poussa-t-il ses demandes jusqu'à l'imporlunilé ? nous
ne savons; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'obtint dans le
principe que rebufades et menaces. Demander à voir lui-
même les litres ei papiers était dans ce temps et de sa part
une prétention exorbitante qui ne pouvait êlre écoutée et sa-
tisfaite. Les chroniqueurs, nous l'avons dit, ne jouissaient
pas de si grands privilèges. Leur métier consistait à mettre
en oeuvre les instructions et mémoires qui leur étaient donnés
par un personnage de la cour, auquel était réservé le soin
de Iracer le cadre de la chronique et de fournir les matériaux
de la composition , de manière à laisser dans l'ombre les
faits qu'il importait de taire ou de dissimuler, et à mettre en
relief ceux qui étaient à l'avantage de la Maison régnante.
Cet usage a persisté jusqu'à la fin du XVIIesiècle. Ceux qui,
comme nous, ont visité à la bibliothèque de la Faculté de
médecine de Montpellier les manuscrits dits de Guichenon
qui ont servi à la composilion de l'Histoire généalogique de
la Maison de Savoie, ont pu se convaincre que les choses
se passaient encore dans la seconde moitié du XVIIe siècle
comme en 1476. C'esl-à-dire que Guichenon a mis en œuvre
des matériaux préparés et envoyés par les ordres de la régente
Christine, comme Dupin mettait en Å“uvre ceux qui lui
étaient communiqués par les ordres de Mme Yolande de
France. Remarquons en passant que sous la régence de ces
deux princesses, françaises l'une et l'autre, ont été accom-
plis les grands travaux qui ont pour objet l'histoire des Étals