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EST1ENNE DU TPONCHET. 421 « phores et périphrases , car il faut que la lettre missive ou autre « eseriture familière soit facile, tempérée, et quasi populaire, « fuyant les pompeux ornements, demeurant ferme en son thème « et en ses propos. » C'est celle que du Tronchet a le moins pratiquée. Rien de plus pharamineux que sa définition de la lettre souveraine qui lui a servi constamment de modèle : « La lettre souveraine doit estre enrichie de belles métaphores « prinses de longue considération, de termes graves, intelligi- « blement obscurs, et obscurément intelligibles, énervez et tirez « du Latin, du Grec, et de partout ailleurs où ils se pourront « derrobber et empoigner pour estre apprivoisez à nostre besoing, « accompaignez tousjours d'epithetes qui les tenant par la main « de la conjonction la puissent faire cognoistre. » La lettre souveraine fut le sublime idéal de du Tronchet ; c'est du galimatias à la plus haute puissance. Quant à la lettre tempérée ou moyenne, « il faut qu'elle soit « copieuse et abondante de figures et de métaphores, non si « recherchées, toutefois, et empruntant quelquefois, suivant « l'occasion, à la familière. » En voilà assez pour donner une idée du livre. Ce qui doit être suffisamment démontré, c'est que du Tronchet ne visait à rien moins qu'à être, au XVIe siècle, le Quintilien , sinon l'inventeur, du genre épistolaire. Dans son étroite sphère, il tentait les mêmes innovations que Ronsard essaya pour l'ode et le poème épique ; Jodelle, Grévin, Rémi Belleau et quelques autres pour la tragédie, la comédie et l'eglogue, Baïf pour les vers qui portèrent son nom. Il n'y a pas à en douter, le Thresor de la plume française en est une preuve irrécusable. Au surplus , ce traité, mal digéré et tout à fait incohérent, ne parait pas avoir eu grand succès ; il n'en existe qu'une édition. En i 57fi, parurent les Discours académiques florentins, appro- priés à la langue françoise , petit i n - 8 , Paris, Lucas Breyer. Ces discours sont au nombre de seize. Du Verdier a donné le troi- sième en entier dans sa Bibliothèque. Ces dialogues, dont les inter- locuteurs sont des êtres métaphysiques, fourmillent de mythes si