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                     ESTIENNE DU ÃRONCHET.                      419

dre et de s'exprimer avec un certain abandon , qu'il est resté
plus longtemps monté sur des échasses.
   Voici ce qu'il écrit à un ami pour se consoler de sa dernière
disgrâce à la cour :
   « Comme il n'y a passion qui puisse approcher celle du pau-
« vre courtisan serviteur, qui est las, et ne se peut asseoir ; qui
« a faim et ne peut manger ; qui a soif et ne trouve à boire ;
« et qui a envie de dormir et faut qu'il veille : ainsi je ne sçay
« consolation qui arrive à la mienne, qui mange quand j'ay appe-
« tit, qui me repose, quand je suis las, et qui dors quand j'en av
« envie. Et, ainsi, les heures que je conte de l'horloge , sont
« toutes heures de ma volonté. Ne vous enquerés donc plus
« comme je me porte, ny que je fais ; mais croyez que tout mon
« plaisir croistroit beaucoup, si nous étions souvent ensemble.
« Car je ne trouve practique qui plus me contente que quand
« M. Tribillet, vous et moy, faisons quelque bon conte, le pot
« sur la table, le jambon desmantelé , et le ventre plein, sans
« fascher, ni mesdire de personne, et sans nous empescher des
«  affaires d'autruy       Je me contente, ajoutc-t-il plus loin, de
«  faire la court à ces damoyselles de Beaune, de Languedoc ou
«  de Roannaisons, qui ont la vertugalc de paille, la ceinture de
«  corde,... la teste petite, coifées d'estoupes et qui font souvent
«  plorer de joye leurs plus affectionnez serviteurs. »
   Il fait çà et là de Montbrison, à cette époque, une peinture qui
n'est pas sans intérêt et sans vérité, même après trois cents ans
de distance :
   « Cette pauvre ville de Montbrison manque si bien de nou
« velles, qu'hier seulement y arriva celle de la destruction de
« Carthage et dimanche dernier le ravissement d'Hélène. »
   Venez ici, écrit-il à Jean Cozon, marchand de St-Eticnne et
son singulier ami : « Pour voir la douceur de ce pays, la bonté
« et bénignité de ce climat, et la tranquillité de cest air; pour
« gouster la perfection et délicatesse des vins ( que les temps sont
« changés ! ) et des fruicts , la bonté et le plaisir du gibier. »
    Et plus loin :
    « Le Baron des Adrets avec sa troupe n'a eu le pouvoir d'em •