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ÉTUDE SUR LA LANGUE DES HÉBREUX. 389 été impuissants pour remonter jusqu'à cette langue primitive et unique que les hommes parlaient à l'origine et que pendant long- temps on a présumé être la langue hébraïque. Par un admirable système d'investigations comparatives, la philologie a rassemblé dans ses mains les titres de filiation et de parenté qui lient entre eux tous les idiomes connus ; elle n'a pu arriver à cette unité originelle de la parole, signalée dans les premiers âges , alors que l'humanité, n'ayant qu'un seul père, et ne composant qu'une seule famille, ne parlait aussi qu'un seul langage. Erat terra labiiunius et sermonum eorumdem (Gen. xi, l) (1). Parvenue au sommet de ces nombreuses générations d'idiomes, dont elle a dressé avec patience l'arbre généalogique, elle a rencontré plu- sieurs types distincts, plusieurs familles de langues indépendan- tes et originales, dont les éléments et les lois de structure intime n'ont pu s'expliquer les uns par les autres et qui n'ont présenté à l'analyse de commun et d'uniforme que les procédés essentiels et la nécessaire empreinte de la pensée humaine. En présence de cette multiplicité de langues-mères, toutes indé- pendantes se refusant à descendre d'une souche commune, toutes natives des régions centrales de l'Asie et échelonnées de distance en distance autour du foyer commun de l'humanité , toutes con- temporaines et remontant ensemble à cette limite des âges, où la lumière de l'histoire s'éteint, où le fil des traditions se brise , où l'on touche évidemment aux premiers jours des sociétés , la science s'est vue avec étonnement amenée en face du récit bibli- que de la confusion des langues. Telle est en effet la puissance du monument de Moïse, que les découvertes de la science mo- derne , en mettant à nu chacune de ses pierres fondamentales, ne font jamais qu'en vérifier l'immuable solidité. L'histoire, en pénétrant dans les antiquités des peuples, a rencontré sous la dernière assise de leurs croyances le dépôt des traditions primi- tives ; en ouvrant les entrailles de la terre , la géologie a fini par y reconnaître l'ordre successif de la création, tel qu'il est décrit dans la Genèse ; et voici que la philologie, si nous accep- (1) La terre n'avait qu'une seule parole et un même langage. Gen. xi, i.