page suivante »
ESTJENNE DU TKONCHET. 357
« Je veux, dit-il avec un honnête congé, accompagné de la
« bonne grâce de mon seigneur, me délivrer désormais de tant
« de fatigues de la personne et de tant d'agitations de l'esprit.
« Il ajoute qu'il comptoit en obtenir facilement la permission.
« En effet, la paix ayant été conclue en 1339 à Cà teau-Cam-
« brésis, du Tronehet qui y avoit été envoyé en qualité de
« député, revint à Montbrison, et, peu <3e temps après il se
« retira du service du Maréchal. A l'égard de sa charge ou de
« son office de Trésorier du Domaine du Comté de Forest, il
« ne le perdit que par la révocation qui en fut faite par un
« édit du Roi. Il avoit voulu se faire pourvoir de l'office de
« Procureur du Roi, au même Comté, et il le sollicita vivement,
« comme on le voit par une de ses lettres écrite d'Amboise ;
« mais je ne trouve aucune preuve qu'il ait été revêtu de cel
« emploi. (Lettre 202) (1). »
Ce fut, je le présume à partir de cette époque que du Tronehet
devint secrétaire de Catherine de Médicis ; sa belle écriture, son
habileté à traduire les lettres en chiffres, son style ampoulé et
la parfaite connaissance qu'il avait de l'italien le rendaient plus
qu'un autre propre à cet emploi. D'ailleurs, il devait être suffi-
samment connu de la Reine depuis qu'il était au service de la
maison d'Albon. On ignore absolument combien de temps il
demeura à la cour, et quelle fut la cause de sa disgrâce, tou-
jours est-il que, trois ans après avoir quitté le Maréchal, il avait
perdu ses fonctions auprès de la régente.
Pour rentrer en grâce auprès d'elle, il lui fit présenter une
épitre en vers par le Maréchal de Vieilleville, un de ses pro-
tecteurs. Cette pièce, comme on le verra est postérieure à la
prise de, Montbrison par les Huguenots :
« Madame, du Tronehet qui jadis eut ce bien
« De vous l'aire service, il ne sçait pas combien
« Ou de mois ou de jours en estât favorable,
« Estant sa plume lors quelque peu aggréable,
f1) Bibliothèque•• française de l'abbé Goujet, lome XIII1'.