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336 CORRESPONDANCE INÉDITE qui relevaient de son gouvernement. C'était une sorte d'ins- pection que passait son Altesse, et qui lui permettait de ju- ger par elle-même de l'état du pays, d'entendre les requêtes et les doléances des habitants, d'étudier leurs intérêts, de s'enquérir de leurs besoins, de surveiller la conduite et les actes des fonctionnaires de l'ordre administratif el judiciaire, enfin de provoquer et d'encourager, partout sur son passage, les travaux et les améliorations. Celle louable sollicitude de son Altesse avait, il faut le dire, un côté moins élevé que celui que nous venons d'exposer. C'était, la perception des sommes que, sous le titre un peu embelli de dons gracieux, les administrations provinciales se croyaient tenues de iui offrir pour s'assurer, ou pour mieux dire pour acheter, sa pro- tection et sa faveur. Dans les comptes qui nous restent de ces administrations, nous voyons figurer des sommes assez importantes affectées à celle destination, votées périodique- ment chaque année el perçues avec la même régularité par son Altesse. A contenter le prince ne se bornaient pas les sa- crifices des villes et des provinces, il fallait encore contenter MM. ses secrétaires. Ces derniers étaient rémunérés suivant le degré d'influence ou de faveur dont ils jouissaient auprès de son Altesse. Les Genevois étaient, dans une certaine me- sure, dépendants el par conséquent tributaires du gouver- neur de Bourgogne, parce qu'il possédaient des biens fonds dans le pays de Gex ; or, ils arguaient de certains privilèges en vertu desquels ils prétendaient être francs et libres de toutes taxes. Ces prétentions n'ayant pas été admises, ils s'étaient rabattus sur l'exemption des logements militaires de toutes les charges publiques la plus intolérable à cetle époque, en raison de l'indiscipline et de la licence effrénée des gens de guerre. Ils étaient parvenus à se faire concé- der celle immunité, sans doute après avoir employé les moyens de succès dont nous avons parlé. Chaque fois que le