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318 ESSAI SUR L'HISTOIRE l'histoire sont souvent la seule justice rendue à l'homme de l'art. Aussi la biographie médicale, quand elle n'enseigne pas des découvertes, peut-elle encore servir a la fois de récom- pense au mérite et à la vertu, et d'exemple à la postérité. Dans la peste meurtrière de 1629, Lyon perdit huit méde- cins et soixante et dix chirurgiens (Monfalcon, ibid.,\). 760); les noms de la plupart ont été perdus avec les détails de leurs belles actions. Nous pourrions toutefois rapporter plus d'un trait de philanthropie et de ce courage scientifique dont s'honorent les praticiens ; au nombre de ceux qui périrent victimes de leur dévoûment, on nomme Chevelu (1610), Fran- çois de la Coste (1628), l'élève Pierre Chassaigne (1628), etc. Nous pouvons citer encore, parmi les chirurgiens de l'Hôpital, Anthoine de Brioude (1628), Louis Malherbe (1631 et 1637), Henri Charavel (1642 et 1643), etc., dont les archives ma- nuscrites de l'Hôtel-Dieu signalent avec éloge le zèle et l'abné- gation; parmi les maîtres chirurgiens de la ville, Michel Malo (1628), Anthoine (1638), Jean Lepère (1638-1639), etc., qui les secondèrent dans leur périlleuse mission; et parmi les élèves, Jean Guillard (1629), Pierre Massin et Jean Duchier (1643), etc., qui suivirent leur noble exemple. Ces grandes épreuves ennoblissaient l'art et ses adeptes. L'heure de la réhabilitation approchait ; c'est à la France qu'en revient tout l'honneur : le grand siècle de Louis XIV, qui porta si haut la gloire des lettres françaises, en avait préparé les éléments ; il était réservé au règne de Louis XV d'exécuter cette œuvre de réparation. La chirurgie lyon- naise, pendant le XVIIIe siècle, pouvait s'enorgueillir d'avoir produit une série d'hommes de mérite comme Laurès, les deux Flurant, Garnier, Grassot, Pouteau, Puy, Guérin, Bouchet, Charmetton , Buytouzac, Dussaussoy, Bey, etc., dont les noms vivent encore dans la mémoire publique. La littérature locale s'enrichit d'une foule d'ouvrages recomman-