page suivante »
300 ESSAI SUK LHISÃOIRE L'Hôtel-Dieu avait peu a peu subi d'heureux changements : « C'est une histoire remplie d'enseignements et d'intérêt, que celle des grandes institutions de bienfaisance qui, loin de décliner avec l'âge, ne font que grandir en vieillissant, et dont l'organisation se perfectionne par les vicissitudes politiques au lieu d'en éprouver la destructive influence. Debout et florissantes, tandis que les établissements, con- temporains de leur origine, ont successivement disparu du sein de la société, elles témoignent par leur durée qu'il a présidé à leur naissance une de ces inspirations fécondes et pleines d'avenir, dont l'importance et l'utilité augmentent à mesure qu'elles traversent les générations. » L'hôpital devenait un centre de secours , de plus en plus précieux pour la population croissante de la ville (1). Une ère de rénovation se préparait : les ténèbres du moyen âge se dissipaient peu à peu, et déjà l'on voyait poin- dre à l'horison l'aurore de la renaissance ; mais ce jour nou- veau ne devait pas encore luire pour la science. Nous avons déroulé a mesure les fâcheux incidents qui, a plusieurs reprises, ont fait rétrograder la civilisation : il y eut en outre pour la chirurgie des influences particulières qui longtemps encore devaient fatalement détruire pour elle tous les germes du progrès. C'est une affligeante étude de moeurs à faire : mais il faut pénétrer jusqu'au cÅ“ur de la société scientifique de ces épo- ques , il faut sonder les plaies qu'elle portait dans son flanc pour apprécier son mal et comprendre les causes de son dépérissement moral. Ces causes se trouvent tout entières dans la législation même de l'art. (1) Au quinzième siècle, « le consulat augmenta dans les hôpitaux le nombre des lits, devenu insuffisant surtout après la peste de 1458, et confia le service de ces établissements à des hommes de mérite. » (Mox- I'ALCON, ibid., p. 498.'