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294                     ESSAI SUR L'HISTOIRE

guerre; envahie et saccagée à quatre reprises en quelques
années par les Arabes et les armées de Charles Martel, no-
tre ville n'offrait plus qu'une œuvre de dévastation. Comment
les sciences et les arts auraient-ils pu fleurir au milieu des
ruines (1) ?
   Les livres étaient devenus rares ; il n'y avait plus ni école
ni élèves ; le dirai-je ? on ne savait plus lire ; nul ne se sou-
ciait d'apprendre. Il n'y avait plus qu'un art. celui de la
guerre (2).
   Ce fut alors que parut Charlemagne : il trouva l'Europe
subdivisée en une foule d'états ennemis, décimée par des
 combats incessants, et plongée dans la plus profonde igno-
 rance. Avec son épée il en fit un vaste empire, et il lui
 donna la paix ; il voulut que cet empire fût lettré. Sa puis-
 sante volonté imprima au monde un mouvement inouï : son
 règne fut un grand siècle ; il avait l'art de deviner les hom-
mes, et sut s'entourer des esprits les plus habiles du temps
 qu'il fit concourir à son œuvre, Alcuin, Eginhard, Lei-
 drade, Florus, Agobard, etc. On lui doit la plus mémorable
 tentative de restauration connue : dans tous les lieux où il
 y avait une église, il institua une école.
    Lyon reçut plusieurs fois Charlemagne dans ses murs, et
 nulle autre ville peut-être ne fut plus redevable à ses bien-


   (1) Les Sarrazins , partis d'Espagne en 525, envahirent le Lyonnais et
s'emparèrent en 732 de Lyon qu'ils saccagèrent. La ville fut prise par
Charles-Martel en 733, reprise par les Arabes en 736, et reconquise en 737
par les lieutenants de Charles-Martel.
   (2) « La marche de la civilisation a éprouve un temps d'arrêt depuis le
• septième jusqu'au neuvième siècle , ou plutôt elle a rétrogradé... L'essor
<
« de la ville, si remarquable au cinquième siècle et pendant la première
« moitié du sixième, s'est arrêté... Devant ces nuées d'Arabes qui se sont
« abattus sur l'Europe désolée , nos pères ont oublié jusqu'au nom des
< sciences et des arts. » (MOXFALCOS, Histoire de Lyon . t. I, p. 293).
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