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->;>G LETTRES INÉDITES Enfin rien n'a manqué pour rendre cette petite fête fort agréable. Mais c'est assez vous entretenir de bagatelles dans un moment surtout ou vous n'avez pas probablement envie de rire. Depuis le 14 , date de votre dernière lettre, il n'en est venu aucune de Lyon , en sorte que l'on est ici dans une ignorance absolue sur le sort de cette ville; on croit cependant qu'elle a le dessus, parce que si Dubois de Crancé avoit remporté quelques avan- tages, il n'auroit pas manqué d'envoyer dans les Provinces des courriers extraordinaires pour en porter la nouvelle. Ainsi on augure bien du silence des Lyonnois Il faut être vous pour lire mon griffonnage. Je sens que je ne dois l'abondance de mes idées qu'à celles que vous me fournissez dans vos lettres. Depuis que le canevas de la votre me manque, vous pouvez vous appercevoir que je ne fais plus que battre la campagne pour arriver à la fin de mon papier selon le règlement. A propos de règlement, je suis bien aise de vous dire que, 1" ce- lui de 3 pages seulement n'estobligatoire que pour moi et point du tout pour ceux qui m'écriront, qui peuvent multiplier les pages à leur aise, pouvu qu'ils suppriment l'enveloppe ; 2° quand il seroit obligatoire vous me redevez bien des pages, m'ayant écrit plus d'une fois des lettres d'une ou de deux ; ainsi vous ne devez pas craindre de longtemps d'excéder trois sans sortir des règles. Je vous dirai même que j'en ai reçu dernièrement deux de Paris, l'une de 12 pages, l'autre de 8, caractère assez serré et de quel- qu'un qui connoit très bien M. Aze et ses règlements et qui se fait un scrupule d'y manquer. Que cela ne vous retienne donc pas lorsque vous êtes en train d'écrire. Ce pauvre M. Aze , je ne sais ce qu'il est devenu. Depuis que le commerce d'argent est interdit pour ses recettes , et qu'on lui a coupé les vivres, je ne vois plus pour lui de ressources. La nation a supprimé les fiefs et les pigeons, sa charge de poste doit être également abolie, la dorure ne va plus depuis longtemps à Paris , ou l'etaim a rem- placé l'argenterie ; son office de premier président de nos déjeu- ners philosophiques a fini avec eux, que lui reste til donc à faire ? C'est ce que je tacherai de savoir en arrivant à Paris ; c'est à peu près le seul de nos anciennes connoissances que je rêverai dans