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                  DE GIÃŽ1M0L) DE LA REYJNIÈÃIE.                 243
à être fatigué de mes lettres éternelles, et je pensois que si vous
ne m'ordonniez pas de les supprimer tout à fait, vous me faisiez
du moins indirectement sentir parla qu'il falloitles rendre plus
rares. Ma lettre du 3 mai est sans contredit la plus longue que
vous ayez reçu de moi et, j'ose dire que j'aye écrite à personne.
La voire du 8 juin, quoique de 3 pages est la plus courte que
j'aye reçu de vous depuis un an ; il etoit clair par la que ma lo-
quacité vous avoit fatigué, et de plus ce contraste etoit une ma-
nière honnête de me le faire entendre. J'avoue que j'aurois mieux
aimé que vous me l'eussiez annoncé naturellement, mais enfin
persuadé que j'avois deviné juste, je me le suis tenu pour dit,
je suis resté tranquille                  J'ajouterai que ce long
silence ne m'a point empêché d'avoir plus d'une fois de vos
nouvelles; au reste du 1 er juin au 20 auguste, je n'ai écrit en
tout au sieur B.... que trois lettres, qui toutes tiendraient dans
cette première page, quand àMUe de N.... elle n'a reçu dans cet
intervalle que trois lettres de moi et je puis vous assurer que
du 1 er juin au 1 er auguste je n'en ai en tout écrit que 44, ce
qui assurément est bien peu pour moi qui en écris d'ordinaire
55 à 80 par mois. Mais 35 degrés de chaleur dans ma chambre
au levant et ou parconsequent le soleil donne toute la matinée,
n'encouragent pas plus à écrire que 16 degrés de froid et puis
tout le monde n'est pas aussi exact que vous à repondre, il m'est
du en ce moment plus de 60 réponses en divers endroits ; cela
donne de l'humeur et rend paresseux à son tour ; ajoutez à cela
le défaut de plumes, la sécheresse de l'encre qui produit natu-
rellement celle des idées et vous aurez moins sujet de vous
étonner de mon silence de 68 jours                       J'ajouterai
 aussi que la trop grande tranquillité ne vaut rien pour alimenter
 un commerce epistolaire, parce qu'elle enfante la stagnation des
idées et la stérilité des reflexions. Ici tous les jours se res-
 semblent pour moi ; nul événement, nulle distraction, nulle
 variété, il faut donc pour écrire tout tirer de son propre fond,
 vivre sur le passé au défaut du présent, donner des reflexions
 à la place d'événements . . . . et comme l'ennui naquit un
jour de l'uniformité il est difiicile que ma correspondance vous