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236 DE L'ÉTUDE eaux, les sources et les fontaines étaient des objets de culte et d'adoration ; les eaux minérales surtout étaient consacrées aux Nymphes bienfaisantes, Nyrnphis salutaribus. L'église a sanctifié ces lieux , et le culte de la Vierge et des Saints y a remplacé le culte du paganisme. A Frans, dans le voisinage de la ville que j'habite, une fontaine attire un concours dont l'origine remonte jusqu'aux siècles les plus reculés. Or, près de cette source, cette fontaine, a été bâtie une église dédiée a saint Etienne, et la fontaine elle-même a été décorée du signe de notre rédemption. Beaucoup de ces menhirs, dont est parsemée l'antique Bretagne, ont été bénis par l'Église et surmontés d'une croix. Nous pouvons, d'après tous ces faits rassemblés, d'après cette tendance sage et prudente de l'Église a conserver les monuments, les usages et les pratiques des peuples qui se rangeaient sous sa loi sainte, en en sanctifiant le but, nous pouvons assurer sans aucun doute que presque toutes les fois que nous voyons une église, une chapelle ancienne sur une montagne, près d'une grotte et d'une fontaine, elle y a remplacé un lieu d'adoration de nos ancêtres. Et dans ces pratiques, ces pèlerinages dont l'Église ap- prouve les uns, tolère les autres, que d'usages, que de pratiques conservés de l'antiquité ! On se baigne , on baigne les enfants dans les fontaines saintes, on boit leurs eaux consacrées, comme faisaient les Celtes dans leurs Bebrônes ou leurs TJivones, et les Grecs et les Romains dans leurs sources consacrées aux Nymphes. On pend dans les cha- pelles vénérées la représentation des membres dont on souffrait et dont on attribue la guéiison au saint du lieu, comme les Grecs et les Romains pendaient ce qu'ils appelaient Tabellœ votivœ aux colonnes et aux murailles de leurs tem- ples ; les lambeaux de vêtements qu'on suspend aux arbres qui entourent la chapelle rustique, nous rappellent que les