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DISCOURS 1)Ë M. D'AIGUKPEKSE. 225 yeux sur les temps modernes, et surtout sur les laits dont nous sommes témoins. La supériorité si marquée des nations chrétiennes sur les autres, soit dans les institutions gouver- nementales, soit dans les lettres, les sciences, les arts, mais surtout celui de la guerre qui fit la grandeur de Rome, cette supériorité, disons-nous, prouverait aux plus incrédules, s'il en était besoin, que bien loin d'être uue cause de décadence comme on en accusait le christianisme, jamais religion ne favorisa davantage le développement des intelligences, et ne réalisa mieux cette loi du progrès vers lequel aspire sans cesse l'humanité. La comparaison devient encore plus saisissante à ne considérer la question qu'au point de vue de la morale. Un mépris constant des droits sacrés de cette même huma- nité est encore aujourd'hui, comme alors, le trait distinctif de tous les peuples que n'éclaire point la lumière de l'E- vangile. Et comment pourrait-on soutenir encore que le christianisme affaiblit ces instincts guerriers qui font la force d'une nation, qui ont fait l'honneur de notre vieille France et qui la feront toujours respecter? Avons-nous oublié ces preux chevaliers de la Croisade, dont le souvenir vit encore dans l'Orient comme le type de la bravoure et de l'enthousiasme religieux? N'avons-nous pas vu naguère nos jeunes soldats unir comme leurs pères, une foi vive à un courage auquel rien n'a pu résister? N'avons-nous pas vu enfin la religion fortifier nos braves à l'heure du combat, et adoucir leurs derniers mo- ments lorsqu'ils succombaient au sein de la victoire? Après avoir assisté, pour ainsi dire , à cet affaissement général qui a marqué la fin de l'Empire romain, on est porté naturellement à se demander : En sera-t-il de même de la période que nous parcourons aujourd'hui ? Une longue nuit 15