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DISCOURS DE M. D'.UGUEPERSE 219 les placer à côté de ceux qui e'taient l'ouvrage des artistes de l'époque, qu'ils écrasent encore aujourd'hui de leur supério- rité. Constantin ne put ignorer un pareil larcin ; peut-être l'avait—il ordonné. Il nous semble qu'un sentiment de pudeur aurait dû le lui interdire, ou, du moins, l'empêcher d'y ajou- ter l'insulte. Cet empereur, dans le cours des différentes guerres qu'il avait eu a soutenir, avait parcouru presque tout l'Empire romain. Partout il avait vu le nom de Trajan gravé sur une foule de monuments superbes. Il crut flétrir ce nom glorieux par l'ignoble sobriquet de Pariétaire (1), herbe parasite qui s'attache aux vieux murs ; mais il ne fit que dévoiler une basse jalousie et l'impuissance où il était de l'é- galer dans ce genre de gloire. Qu'était devenue l'éloquence au milieu de la décadence universelle? Elle s'était réfugiée dans le panégyrique. Nous avons encore les discours des Eumènes , des Nazaire, des Mamertin, des Pacatus. Ces panégyriques n'ont pas tou- jours, comme celui de Trajan, le mérite de la vérité, puisque le féroce Maximien y est loué plus souvent que Théodose. Ils ont bien moins de prix comme morceaux d'éloquence que comme documenls historiques par quelques détails précieux qu'ils nous ont conservés. Pendant le siècle qui précéda la prise de Rome par Alaric et la grande invasion des barbares, la nation romaine avait presque entièrement disparu, étouffée parles peuples qu'elle avait subjugués et réunis à son empire. Ses soldats, a cette époque, appartenaient tous à ces peuples étrangers. Si, du moins, ils avaient été commandés par les descendants des Scipions et des Césars ! Mais non ! Presque tous ses géné- raux portaient des noms barbares qui trahissaient leur origine. Pendant que Rome empruntait aux nations étrangères ses généraux et ses soldats, elle leur devait encore ses poètes. (i)Herbaparietariavelparielina. Aurel, Victor. Epitom. in Constanlino.