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blSCQVRS BE M. D'AIGUEPJJRSE. 213 du grand historien. Si, par l'élévation et la force des pensées, la vigueur du pinceau et la connaissance du cœur humain, Tacite est sans rival, son style n'a pas toujours obtenu le même degré d'estime. Des puristes trop sévères ont blâmé ses formes abruptes à force de concision, offrant un contraste trop frappant avec cette pureté et cette douce abondance (lactea uberlas), dont Cicéron et Tite-Live avaient fourni de si brillants modèles. Avant Tacite, Sénèque se plaignait déjà que son siècle ne parlait plus latin (1), et il le prouve par de nombreux exemples d'autrui, auxquels, selon l'ingénieuse remarque de M. Villemain il aurait pu quelquefois mêler les siens (2). Après les deux grands historiens que nous avons nommés, Tite-Live et Tacite (3), vient, en troisième ligne,Quinte-Curce qui a eu aussi ses admirateurs passionnés. Il est bien difficile de déterminer l'époque où il a vécu, puisque, par une singula- rité vraiment inexplicable, aucun auteur n'en a fait mention avant le Xll0 siècle. Aussi quelques savants, suivant en cela l'exemple du célèbre Père Hardouin, qui attribuait YEneïde de Virgile, les Odes d'Horace et la plupart des ouvrages an- ciens que nous possédons, à quelques moines du moyen âge, ont assigné la même origine a ['Histoire d'Alexandre-le- Grand. 11 nous paraît plus que douteux qu'on ait pu écrire ainsi aux XIe et XIIe s"iècles. L'opinion la plus probable, celle de Vossius (4), fait vivre Quinte-Curce sous le règne de Ves- pasien. Son style, peut-être trop orné, mais toujours coulant et pur, et ses périodes soigneusement arrondies, ont dû exi- ger un grand travail. On y rencontre quelque chose de poé- tique, parfaitement en harmonie avec les actions du héros macédonien. (t) Ep. 39. — (2) Préface du Dictionnaire de l'Académie. (3) Nous n"avons pas dû parler de Sallustc, mort avant le règne d'Au- guste qui a été notre point de départ. Même observation pour Lucrèce et Catulle. — (,'') 0 c hMw. lutin.