Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.198

198                      BIBMOGKAMIE.

maire ; oui, de quantité et de grammaire, et je n'en veux que
deux exemples entre dix : quel traité de prosodie donne quatre
pieds à oublieras et deux à aient ?
   En dernière analyse, Icare manque souvent son essor, et cet
ouvrage, ou je me trompe fort, doit être le fruit de la jeunesse,
et de la première jeunesse, qui s'y trahit par mainte échappée.
C'est là que se trouve la véritable excuse de l'auteur, mais qu'à
l'avenir il travaille à mûrir les germes véritables de son talent.
Disons lui de plein cœur qu'il y a chez lui de l'étoffe, de l'ins-
piration , un certain savoir-faire et beaucoup d'imagination ;
mais que toutes ces qualités resteront stériles s'il veut les ex-
ploiter trop tôt. Disons-lui surtout de soigner sa prose qui est
bien inférieure à ses vers, et de renoncer pour toujours à ces
inqualifiables pastiches du genre de Rosine Dianta, dignes tout
au plus d'un collégien de 14 ans qui, seul, peut appeler tendre
et ingénu le cœur d'une danseuse de corde. Qu'il sache enfin,
l'auteur, que loin d'avoir blâmé, de parti pris, ses flagrantes im-
perfections, nous serions heureux de citer longuement les réelles
beautés qu'on peut choisir, sans effort, dans quelques unes de
ses pièces, telles que l'Adieu aux Diligences, le Chant du
Chauffeur et le Départ de la Locomotive, à laquelle nous em-
pruntons deux ou trois strophes pour combler, à regret, le court
 espace qui nous reste :

  Comme l'éclat lointain du tonnerre qui roule
  Au sein des cieux voilés et sillonnés d'éclairs,
  Un bruit sourd gronde au loin; il approche ; la foule
  D'un murmure attentif fait résonner les airs !
      Est-ce la foudre qui s'apprête
      Au bord sombre de l'horizon ?
      Est-ce le vol de la tempête ?
      Le sifflement de l'aquilon?

   C'est la locomotive haletante et coquette !
   Un doux parfum se mêle à ses blanches vapeurs :
   La poésie et l'art, de sa robe de fêle