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TROIS MOïS AU-DELA DES ALPES. 19l étaient confondus ; fort heureusement pour la morale publi- que, cet empereur philosophe y mit bon ordre. Si l'on veut se faire une idée de la grandeur et de la ma gnificence de cet édifice, moins grand cependant que les thermes de Dioclétien, moins beaux que ceux de Titus, il faut se rappeler que le mur d'enceinte comptait 4,750 pieds de pourtour; que Paul III (Farnèse) trouva, dans des fouilles faites par ses ordres, l'Hercule de Glicon, le fameux groupe de Dircé, plus connu sous le nom de taureau Farnèse, et une telle quantité de statues , de bas-reliefs , de chapiteaux , de colonnes que le vaste musée Bourbon de Naples en est presque rempli. Ces lieux, jadis si pleins de joie et de splen- deur , sont aujourd'hui tristes et silencieux. Le temps et l'incendie ont détruit les voûtes, les portiques, lézardé et dé- chiré les murailles qui paraissaient défier les inévitables ra- vages des siècles. La science, l'amour des arts, le respect que l'on doit, en quelque sorte, aux traditions monumentales d'un grand peu- ple, tout n'aurait-il pas dû inspirer aux contemporains puis- sants qui voyaient tomber ce monument, l'envie, non de détruire, mais de réparer ces désastres et de conserver re- ligieusement ces reliques des conquérants et des héritiers des Grecs dans la gloire des armes, des arts et des lettres '! Comme au milieu des ruines de Balbeck ou de Paimyre, le cicérone ne peut plus vous montrer que des ronces et des herbes sauvages, qui, moins barbares que les hommes, moins impitoyables que le temps ont abrité de leurs feuilles et de leurs épines ce que ces grands destructeurs n'ont pas voulu épargner par esprit de dédain ou de lassitude. Mais la tristesse produite par l'aspect de ces ruines nous inspira l'ir- résistible envie d'admirer d'autres chefs-d'œuvre que le temps n'a pas mutilés, et nous nous rendîmes a la chapelle Sixtine.