Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.157

                    DE SAINT-MARTIN-D'AINAY.                      157
  alors on se l'explique : le Maître parle , il doit écouter. Quelle
  action du serviteur pourrait égaler en puissance celle du Verbe
 de Dieu? Quant avi style de la figure, il est gracieux et correct ;
 l'expression du visage nous paraît angélique.
    Saint Pothin, premier apôtre de Lyon, a été martyrisé dans la
 même persécution que sainte Blandine. C'est sous le vocable de
 ces deux martyrs qu'a été érigée l'église qui sert maintenant de
 sacristie. Ce vieillard à la figure vénérable, cassé par l'âge et les
 souffrances, s'incline respectueusement devant le maître qu'il a
 servi, et semble soutenir son eorps débile avec son bâton pas-
 toral. H y a dans l'ensemble de cette figure, enveloppée dans
 une ample draperie, un air de noblesse et de majesté qui convient
 très-bien à un pontife et à un confesseur.
    La figure de saint Martin est d'un style analogue à celui de
 sainte Clotilde qui lui fait face. Malgré ses longs travaux, qu'il ne
 refusait pas de continuer, même sur le point de mourir, le saint
 évéque conserve encore la verdeur de la jeunesse. Il est à genoux,
 mais le buste est droit ; en lui rien ne fléchit. On découvre, sous
 cet aspect mortifié, l'âme ardente et infatigable qui a christianisé
 les Gaules.
    Les palmiers symboliques, placés de chaque côté à la suite des
figures, et ces ruisseaux d'eau vive, emblèmes des quatre fleuves
 du Paradis terrestre , qui jaillissent aux pieds du Christ, enca-
drent l'ensemble de la scène, et la terminent d'une manière tout
 à fait conforme au style des mosaïques.
    Dans la petite abside de droite, saint Benoît, sur son siège ab-
batial, reçoit à ses pieds deux jeunes moines venant demander à
placer sous sa règle leur abbaye, primitivement sous celle de
saint Martin.
    Dans l'abside opposée, saint Badulfe bénit l'abbaye d'Ainay,
qui dut sa création à son amour pour les martyrs et à sa véné-
ration pour leurs reliques. 11 étend sa main droite sur elle avec
un beau geste qui rappelle les orantes des catacombes ; à gauche,
on voit l'autel païen qui s'écroule. Ces deux moindres sujets sont
traités avec une sobriété calculée, pour concentrer l'effet sur
l'abside principale.