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154 CEINTURES MURALES le sens ordinaire du mot, c'est-à -dire de ne l'avoir point, drama- tisé ; mais outre qu'il se serait écarté du style des mosaïques, qui placent les personnages les uns à côté des autres sans composi- tion proprement dite, le sujet que M. Flandrin avait à rendre ne comportait pas de drame. Il s'agissait tout simplement de ranger autour du Christ les patrons de l'Eglise ou des saints qui avaient vu quelque circonstance de leur vie s'accomplir dans cette basi- lique. Cette donnée exigeait-elle la dépense d'une composition dramatique? Qu'on fasse du drame lorsque l'action se passe sur cette terre, où les passions, qui agitent sans cesse l'humanité, y amènent de perpétuels changements ; mais faire du drame, lorsqu'on a simplement à représenter des saints pour jamais en possession de la plénitude du bonheur, là , le drame n'a plus de place, et le peintre a d'autant mieux rendu son sujet qu'il a donné à ses figures un Caractère immuable, parfaitement en harmonie avec l'état permanent où elles se trouvent établies. On comprend que ces personnages ne sont plus exposés aux vicissitudes humai- nes, et qu'ils sont fixés là pour l'éternité. Mais, quoique le sujet ne soit point dramatisé par une action extérieure, il n'est pas pour cela sans unité et sans lien moral. La composition est très-étudiée sous le rapport de la symétrie et de la combinaison des lignes, et, à ce point de vue, elle atteint heureusement l'effet. Soit que ces peintures, illuminées par l'éclat des flambeaux, apparaissent tout à coup à la foule des fidèles recueillis, comme une vision du ciel, soit que le spectateur, entrant par une lumière voilée, les devine dans le mystère d'un demi-jour, moment qui, pour les contempler, n'est pas sans charme, de suite il est frap- pé d'un ensemble qui impose , et qui contente le regard le plus exigeant. L'espace paraît convenablement divisé ; les figures ont assez d'importance : les vides sont suffisamment remplis : l'abside , petite en elle-même , semble avoir prodigieusement grandi. Une figure domine cl concentre sur elle l'intérêt principal de la scène; tous les autres personnages, tournés vers elle et unis dans une même adoration, la contemplent avec amour, C'esl le