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                  DISCOURS DE M. HEINRICH.                  139

nature et la durée de cet enseignement, il ramènera dans nos
leçons ce nom vénéré d'Ozanam, qui, tant que nous vivrons,
reviendra bien souvent sur nos lèvres, car notre cœur est
plein de son souvenir.
    Après les siècles d'inspiration viennent les siècles pure-
ment littéraires ; on y cherche cette beauté qui semblait jadis
naître d'elle-même sous la plume des vieux auteurs, et la
langue, en devenant plus régulière et plus pure, perd tou-
jours quelque chose de son antique vigueur. « Les plus beaux
livres, disait le spirituel ami de Chateaubriand, Joubert,
sont ceux qui ont été faits pour les peuples demi-polis. » Et
en effet, il y a, dans le premier grand siècle de toute litté-
rature, une sève que ne connaissent pas les civilisations
plus délicates et plus avancées. Si Dante et Pétrarque ca-
ractérisent admirablement en Italie la première de ces
deux périodes, la seconde se résume dans les deux noms
illustres de l'Arioste et du Tasse. Mais entre ces deux gé-
nérations se passe un fait important que je ne saurais
oublier : Boccace fixe la prose italienne. Vous savez, Mes-
sieurs, pourquoi je ne vous parlerai pas davantage de cet écri-
vain qui servit beaucoup la langue, mais trop peu la morale.
Je ne lui emprunterai qu'une chose, c'est la confession des
vices de son siècle. Car enfin, Messieurs, bien qu'il nous
reste à parler d'admirables chefs-d'œuvre, nous touchons
à la décadence, et il importe d'en connaître les causes.
L'historien Villani, retraçant les premiers temps de la ré-
publique florentine, nous fait un tableau de l'intérieur de
ces vieilles familles, où la foi, l'austérité des mœurs, le dé-
vouaient a la chose publique étaient des vertus héréditaires,
où le luxe était inconnu, où, assis à une table frugale, l'époux
 et l'épouse buvaient au même verre, mais où chaque instant de
la vie domestique était marqué par l'accomplissement d'un de-
 voir. Cette mâle éducation forme la génération du siècle de