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                         LES TROIS CHAPELON.                               83
en patois (1) c'est autre chose. Là, Chapelon est sur son terrain :
les uns sont naïfs , les autres malins , tous d'une bonne facture.
Ses poésies légères , ses chansons, et ses mois de mai (2) ne
sont pas moins remarquables en leur genre que la plupart des
poésies françaises de second ordre de cette époque. On peut citer,
entre autres , la Chanson sur le Carême, comme fort lestement
tournée, la Chanson XVIe contre les filles , comme une satire
mordante et véridique des mœurs du temps, et surtout la Chan-
son XXIXe sur les Garçons amoureux.
   Le testament de Jacques Bellemine , Clocheteur-Jurè de
l'église paroissiale de Saint-Etienne est une fort belle pièce,
pleine de concision , de couleur locale et d'humour, mais elle
ne vaut cependant pas le testament de Bobrun.
   Celles qui la suivent dans le recueil manuscrit dont j'ai parlé
plus haut, et qui sont inédites, sont un monument assez précieux
des mœurs de cette époque. Jean Chapelon, il est utile de le
constater, a mieux compris que son père, en pareil cas, la succes-
sion naturelle des choses. Son Jacques Bellemine commence                        *
d'abord par tester, sauf ensuite à faire ses adieux à tous ses
amis et à sa femme. Il commence par l'essentiel. On connaît les
legs burlesques du testateur. Ce qui n'est pas moins risible, ce
sont les conseils et consolations que Bellemine prodigue à sa fu-
ture veuve :
  Si je venou-à mery, vou t'y faut ben résoudre,
  N'essobla pas, o moins, à me bien faire coudra,
  Quand je sarey party adon tu po ploura,
  Je te proumetou ben qu'ey t'empacharey pas.
  Mais jusques-là il lui conseille de ne pas se désoler, car s'il a le
bonheur d'en revenir, ce serait temps perdu.
  Si je venou à passa, tu te po remaria
   (i) Ils fuient presque tous composés sur des airs de Lulli qui faisait les
délices de Jean Chapelon.
   (a) C'était l'usage, à celle époque et plus tard, parmi le peuple de Saint-
Eliemie et des environs , d'aller chanter par troupes dans les campagnes la
veille du mois de mai. On faisait la quêle , et puis ripaille (bombance) avec
l'argent recueilli,