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50 LES TROIS CHAPELON. à peu près, ce qui donne aux trois fragments qui nous restent de lui un naturel parfait et qui ne sent en rien la recherche. L'Education dos effans de ves Santetieve, parut probablement vers la fin du XVIe siècle, avant que Marcellin Allard eût écrit sa Gazzettc Françoise. C'est un tableau plein de fraîcheur, de grâce, de coloris et de vérité. Ce qui dislingue les trois Chapelon, Antoine surtout, au plus haut degré, c'est la faculté objective, Fart de pénétrer dans la connaissance de la vie réelle et de la reproduire telle qu'elle est, non crûment et brutalement, en choisissant de préférence des laideurs repoussantes et des infirmités, à la façon de Courbet, mais poétiquement, et fans la dégrader, à la manière, par exem- ple, de Callot ou de Rembrandt. Les trois Chapelon sont donc éminemment de vrais poètes, on pourrait dire d'excellents peintres. Les deux aïeux sont plus près de la nature que leur descendant; Jean Chapelon a plus étudié, il connaît mieux la structure du vers, il sait mieux, lors- qu'il le veut, en varier les formes, mais parfois on sent dans ses poésies le travail de l'artiste. Il est même, en certains passages, moins intelligible que son père et son grand-père. Ses allusions sont plus savantes, plus recherchées ; mais il est comme son père Antoine, plein de sel, de verve, de malice et de gaité. Il n'est même pas dépourvu de sentiment, et au milieu d'une grêle de traits, vous entrevoyez parfois une larme, vous entendez de loin en loin un soupir, aussitôt perdu dans un éclat de rire. Il faut ajouter que toutes ses poésies ne sont pas à la même hauteur, pour la conception et le style ; il en est plusieurs, qui toutes pleines d'excellentes choses, sont négligées, décousues etœanquent de plan, d'ordonnance cl de relief. Mais revenons à l'aïeul, Jacques Chapelon , et parlons de l'Education dos effans de vez Santetieve. C'est une description de leurs jeux, sans en oublier un seul, puis la de paume jusqu'au jeu du gendarme ; depuis la (oupie, (moûéiny), jusqu'à la savate (groula). « J'étais, dit Miève, celui dans la bouche duquel l'auteur a mis ce récit : J'era lou coulounel de touta la marmailly.