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498 BIBLIOGRAPHIE. d'épreuves aux prises avec tant de courage, l'esprit même franchit le temps et se remet involontairement en mémoire cette autre archiduchesse du même sang , qui devint nôtre, naguère, par l'alliance, et qui, plus grande aussi que ses infortunes, renouvela son héroïsme en face d'un siècle si indigne d'en être témoin, et n'obtint pas même l'aumône du plus modeste tombeau. On dirait vraiment qu'il y a des races prédestinées à toutes les grandeurs. Je ne raconterai pas comment cette jeune veuve conçut le projet de fonder l'église de Brou ; comment elle continua cette œuvre de sa douleur à travers tous les soucis du rang suprême ; comment, du fond des Flandres et des Pays-Bas, qu'elle gouver- nait pour son père et son neveu Charles, elle tournait sans cesse et ses regards et son active sollicitude vers cette dernière couche nuptiale, qu'elle dressait, avec tant de splendeur, pour son époux et pour elle, en vue de l'éternel repos. Il faut laisser au lecteur le plaisir d'entrer dans tous ces détails sur les pas de l'auteur lui-même, et craindre de les déflorer maladroitement du précieux attrait de la nouveauté. Disons seulement que tous les problèmes historiques, qui con- cernent cette histoire spéciale, sont résolus de la plus satisfaisante manière. On ne peut mieux expliquer la fameuse devise de la duchesse que nous citions plus haut et étayer cette explication de meilleures preuves. Quant à cet impénétrable Fert de la maison de Savoie, qui a si fort excité la verve imaginative de tous les érudits, on peut dire qu'il n'a plus de mystère depuis que M. Baux en a trouvé la clef dans la légende - d'une médaille d'Ame I, bien antérieur à tous les princes indiqués jusqu'ici pour être les auteurs de cette devise. Cette légende est ainsi conçue : Fide et religione tenemur ; et, comme le Fert qui n'en est que l'abréviation par les initiales de ses quatre mots, elle est entre- lacée de lacs d'amour. « Nous sommes tenus par la féaulté et la reli- gion.» Cette explication si naturelle, si conforme aux sentiments de l'antique Maison de Savoie, remplacera avantageusement, nous l'espérons, certaines interprétations ridicules ou cyniques, si légè- rement hasardées par d'anciens auteurs. Certes, on ne peut allier plus de convenances à plus de vérité, et les princes savoisiens