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LITURGIE LYONNAISE. 433 lyonnaise. Ce serait une entreprise glorieuse et digne du prélat éclairé qui occupe le premier siège de France. Cette question, encore une fois, n'est pas de notre ressort, et nous reconnaissons qu'il n'appartient pas à des laïques , surtout à des laïques aussi peu instruits que nous, de trai- ter des choses réservées aux ecclésiastiques. Nous savons, du reste, que plusieurs membres distingués de notre clergé ont épousé, avec un zèle qui les honore, la cause du maintien de nos usages. Mais il est une partie de cette grande ques- tion que nous pouvons aborder et discuter, celle qui a trait aux effets matériels des cérémonies, sur laquelle les ecclésias- tiques peuvent quelquefois s'abuser, entraînés par les sollicita- tions extérieures, séduits par les idées qui ont cours dans le monde. Nous nous proposons donc de rassembler aussi nos faibles clameurs et nos efforts, quelque infimes qu'ils puis- sent être, pour démontrer l'excellence, dans les cérémonies religieuses de Lyon, des rites anciens et locaux, et l'inconvénient de leur substituer, soit les modes arides et prétentieux de l'école janséniste, soit la pompe mondaine et théâtrale de l'Italie qui prévaut en ce moment dans les offices parisiens, et qui tend à s'implanter aussi dans nos églises. Sans avoir l'érudition de dom Guéranger ou des autres litur- giste» célèbres, tout Lyonnais qui est sorti de sa province sait bien qu'il rencontre ailleurs, dans les manières d'officier, des différences à l'avantage de son pays. Il sait que les fêtes y sont plus solennelles, que le chant, au lieu d'être confié à un petit nombre d'hommes gagés, isolés, pressés d'en finir et peu soucieux d'en conserver la pureté primitive, est exécuté par tout le clergé et une partie des fidèles. 11 sait que, chez lui, la sonnerie a un caractère approprié à ce qu'elle annonce, dolente pour les offices mortuaires, majestueuse pour les fêtes majeures , gaie pour les circonstances où l'église se réjouit, et qu'elle n'est pas réduite au tintement et à la grande volée si monotone du nord et du centre de la France, ou au mutisme presque complet qui fait douter si Paris est une cité chrétienne ou musulmane. Les Saints de la capitale, démesurément longs, farcis de pièces d'un goût 28