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 çonnées dans le tissu. Une longue bande ou orfroi règne sur le devant et le
 derrière de la chasuble. L'artiste y a placé par ordre hiérarchique tout ce
qui rappelle à l'église de Lyon son antique origine : saint Jean l'évangéliste,
saint Polycarpe martyr, saint Pothin évêque, saint Irénéc docteur, saint
Alexandre confesseur, sainte Blandine vierge. Toutes ces figures sont bro-
 dées or et soie, et très-bien réussies. Le manipule et l'étole complètent le
vêtement -, ces deux pièces sont brodées. La chape a le même fond que la
chasuble ; le chaperon qui était autrefois un véritable capuchon est entiè-
rement brodé; il est orné d'une croix avec l'alpha et l'oméga.
    Nous ne connaissons rien de plus beau et de mieux exécuté que ces étoffes;
splendides. Chaque nuance prise séparément est du plus bel et du plus vit'
éclat, mais leur combinaison est si heureusement faite qu'elles s'éteignent
 mutuellement et produisent une harmonie dont on ne se fait pas d'idée ;
cela nous a tout à fait rappelé les beaux tissus arabes de Palerme dont
M. Bock nous avait montré les échantillons.
    Nous remercions donc vivement, au nom de l'art chrétien, tous ceux qui
ont apporté à cette œuvre une si intelligente collaboration : M. Jaillard qui
en a eu l'heureuse et féconde pensée et dont les broderies sont du plus
bel effet, M. Desjardins dont nous retrouvons ici le goût si pur, si savant,
si consciencieux, MM. BouVard et Lançon qui peuvent mettre au service
 de l'art de si admirables procédés.
    Nous ne voulons pas diviser dans nos éloges cette triade d'intelligences ;
aussi nous sommes-nous refusé à croire ce qu'un bruit public nous ap-
portait : que tels et tels prétendaient s'approprier un honneur qui devait
être partagé en exposant dans leur vitrine l'étoffe fabriquée, sans y men-
tionner de collaborateurs ; tel aurait été même le jugement du comité de
l'exposition. Nous avouons que cela nous a paru invraisemblable ; par exem-
ple, nous ne pensons pas qu'il soit jamais venu à l'esprit des fondeurs delà
statue de Fourvière de s'approprier l'œuvre de M. Fabisch. Du reste le
caractère des hommes dont nous parlons est trop honorablement connu
pour qu'ils aient pu, un seul instant, consentir à le laisser couvrir d'un
nuage.
    L'enseignement qui ressort de ceci, et qu'on avait peine à comprendre,
c'est qu'entre les étoffes de nouveauté ou de fantaisie et les tissus qui servent
au culte, il y a une différence bien tranchée ; que les dessinateurs de celles-
ci ne peuvent être les dessinateurs de ceux-là, à moins de réunir des talents
divers ce qui est rare ; qu'il faut aux maisons spéciales des artistes spéciaux
 formés à des écoles sérieuses et traditionnelles ; ce ne serait pas faire trop
pour des hommes auxquels, à le bien prendre, nous devons nos succès.
    Les architectes sont presque les seuls qui, jusqu'à ce jour, nous aient
donné de bonnes inspirations. Nous croyons même que bientôt sortiront
d'une de nos maisons les plus renommées de nouvelles étoffes dont les dessins
sont dus au crayon de M. Viollet-Leduc, architecte du Gouvernement;
mais nous voudrions aussi que nos dessinateurs reprissent leurs droits pour
 stéréotyper dans notre industrie un nouveau triomphe.
                                                                    J. R.

  La gravure de M. Frénet que nous donnons avec la livraison
de ee jour, doit être jointe à la livraison précédente, p. 341. *

           Lyon,—Imprimerie d'Aimé Vingtrinici^quai St-.\ntoinc,   36.