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LES HEURES DU SOLDAT, par l'abbé FAIVRE. La France est avant tout une nation militaire par ses traditions, ses sympathies, la gloire de ses armes et les grandes luttes où le poids de son épée à constamment dominé comme la valeur de ses soldats. Le soldat, en donnant à ce mot toute l'extension qu'il comporte, c'est donc la plus belle couronne de son aristocratie passée et présente, c'est, en quelque sorte, le luxe de son courage et de sa grandeur. Les armées de la France ont com- battu partout et quand il ne leur a pas été donné de vaincre , quand elles ont été décimées par la coalition des éléments et des peuples, elles se sont toujours ennoblies par des revers que l'héroïsme de la résistance a trans- formés en illustrations. Depuis cette majestueuse conversion de Clovis et de ses guerriers, la France semble avoir reçu le privilège d'une mission providentielle de gloire. Gesta dei per Francos, aussi nulle nation n'a versé plus de sang dans les grandes luttes des croisades et bien certainement ce fut un droit de posses- sion que celui qui fut acquis par la domination ou le passage des races françaises dont les cendres reposent sous le sol de l'Orient. Où les armées de nos pères ont campé et combatlu, voici que les armées des fils arrivent. Quelle sera leur mission dans l'avenir ? Nul ne le sait, excepté celui qui est le Dieu de la paix et le Dieu des batailles. La France est-elle donc devenue, par ses armées, la sentinelle du repos du monde? A Rome, elle a l'insigne honneur de protéger la chrétienté et la ville sainte ; par la conquête d'Afrique elle a affranchi la Méditerranée des attaques incessantes d'une piraterie déjà oubliée ; en Orient, elle attend, impassible, devant une place forte, la récompense de ses souffrances, et jamais la douleur n'a amoindri son dévouement et son courage, le soldat le plus infime, comme le chef le plus illustre sont là pour vaincre et il y a dans chacun d'eux autant d'amour de la patrie, autant de soumission au martyre qui leur sera peut-être commandé pour la gloire et la grandeur de la France. La vie du soldat n'est-elle pas une période de sacrifice et d'abnégation ; il est enlevé à sa famille, à ses amis, à ses espérances, pour servir l'état, et trop souvent sa destinée sera de mourir sur un champ de bataille ou dans un hospice, loin des siens, n'ayant d'autre famille que la famille militaire ; cependant il ne se plaint jamais, il trouve partout le respect de la hiérarchie et du devoir, et le sentiment d'honneur suffit pour lui faire aimer la rudesse et la vie des camps. Il est évident que l'Etat qui enlève, à son village, le paysan, ce fils de laboureur, qui sera lui-même laboureur un jour, pour eu faire, pendant sept ans, un soldat, c'est-à -dire la sentinelle armée du repos de la Société,