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380 LETTRES INÉDITES et Montesquieu ont immortalisé la langue françoise, et qu'une partie de leurs ouvrages vivra dans tous les âges et dans tous les pays , et nous avons forcé les étrangers d'apprendre notre langue pour les lire. Vous auriez pu ajouter, à ces grands noms, ceux de Despréaux , La Fontaine, La Bruyère, Bour- daloue , Bossuet, Fléchier, Bayle , Fontenelle , J.-B. Rous- seau , non moins célèbres aussi chez les nations étrangères. Quelle gloire pour la nôtre d'avoir produit tant d'hommes étonnants. Hélas ! s'il n'étoient pas nés , il ne naîtroient plus et nous entrons maintenant dans le siècle de la barbarie la plus completle. Dans cinquante ans on ne lira plus en France; tel est , au reste, l'ordre naturel des choses. L'apogée des arts est toujours suivi de leur déclinaison, on finit par voir succéder, à la plus brillante clarté, les plus épaisses ténèbres ; tel est le triste sort qui attend nos neveux ; jouissons encore de nos restes et mettons à profit pour notre consolation (car il ne peut plus être question de bonheur), le goût de l'étude qne nous devons à notre heureuse éducation et à notre stu- dieuse adolescence. Je conviens que les poésies . . . . du XVIIIe siècle sont assez récentes puisqu'il n'y a pas trois mois qu'elles paroissent à Paris, mais il me semble que ce devrait être une raison de plus pour vos imprimeurs de les con- trefaire. Un ouvrage de cette nature ne peut manquer de se bien vendre , et l'édition originale étant chère, une contre- façon en 4 volumes in-12 , qu'on donnerait pour 9 ou 10 liv., soutiendrait non seulement la concurrence , mais obtiendrait la préférence , surtout si elle est correcte. Donnez bien vite cette idée à MM. Le Roy et Bruyset , les contrefacteurs par excellence de Lyon, et qui sans doute ne demandent pas mieux qu'à gagner de l'argent . On vient d'en annoncer un autre sous le titre de Politique des Cabinets de VEurope sous Louis Kl et Louis XVI, com-