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                   DE GRIiWOD DE LA REYINIÈRE.                        375

heure, mais cela n'empôche pas que par ces substitutions
ridicules, ont ail absolument dénaturé ce genre, dont le prin-
cipal ressort est la gaîlé, et qui n'est plus qu'un assemblage
monstrueux de scènes incohérentes, dès que vous lui retirez
cette base. Ainsi vous voyez que cela fait beaucoup plus que
vous ne le pensez à la beauté de l'art ; car tous les genres
s'enchaînent au théâtre, et l'on ne peut en dénaturer un sans
que les autres s'en ressentent. Enfin, le plus ou moins de
succès du vaudeville, non seulement importe au bon goût,
mais influe singulièrement sur le caractère national. Nous en
faisons, hélas, une bien triste épreuve. Jamais la nation fran-
çoise ne se fût portée aux horreurs qu'elle a commise, si son
caractère franc, gai et jovial n'avoit point été perverti, altéré,
changé totalement-, parce que dans une nation policée, rien
n'influe autant sur les moeurs que le théâtre. Il en faut con-
clure que la révolution arrivée depuis 12 ou 15 ans dans
l'opéra comique a singulièrement accéléré l'autre, et que sous
le règne de Panard, Vadé, Fuzelier, Piron, Lesage et d'Or-
neval, c'est-à-dire lorsque le vaudeville étoil en honneur,
jamais on ne seroit parvenu à rendre notre nation sanguinaire
et féroce; je vous défie de vous tirer de là. Ne vous vantez
pas bien haut de la préférence que vous donnez à Camille (1)
sur la Chercheuse d'esprit, car elle ne fait honneur ni à votre
tact ni à votre goût. Je vous promets de vous en garder le
secret. En faisant cette comparaison vous avez oublié, sans
doute, que la Chercheuse d'esprit, jouée pour la première fois
sur le théâtre de l'opéra comique, en 1741, n'a point de
rivale en son genre-, une pièce remplie d'esprit, de grâce et
de gaîté, et peut-être une de celles qui font le plus d'honneur
à M. Favart. Osez-vous mettre à côté cette triste figure de

  (1) Camille ou le Souterrain, mélodrame-opéra, de Marsalayrae et Dolier,
La Chercheuse d'esprit, par Favart.