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318 DE L'à RCHITECTURE de leur architecture ogivale,m'ont pourtant toujours paru assez, conséquents. On a répété à satiété que leurs artistes, si im- pressionnables au beau, n'étaient jamais cependant parvenus à s'approprier notre architecture ogivale, qu'ils ne l'avaient adoptée qu'avec une sorte de répugnance et n'avaient produit dans ce style que des œuvres empreintes de leur cachet. —Mais tant mieux ! car il faut s'entendre, il n'y a point eu ici de répu- gnance, il y a eu sentiment de convenance. Aurait-on voulu, par hasard, qu'ils s'appropriassent tellement notre architecture nationale que la différence du climat, du sol, des matériaux n'y eût apporté que d'insignifiantes modifications; voudrait-on que l'architecture de cette époque , celle du XIIIe siècle, par exemple, qui paraît en être la plus heureuse et la plus com- plète expression, soit tellement déterminée qu'en quelque lieu qu'on la transporte on la trouve toujours la môme? C'est, nous le répétons, méconnaître complètement le principe même de l'architecture ogivale que de ne considérer ainsi que la forme,. indépendamment des raisons qui la motivent. Nous pensons donc, contrairement à certaines idées répan- dues et acceptées trop légèrement, que les artistes italiens ont fait preuve d'assez de goût el de bon sens, en modifiant notre archilecturelorsqu'ilsonlvoulu se l'approprier, et loin de nous plaindre de la grande différence que l'on trouve entre l'archi- tecture ogivale italienne et la nôtre, nous ne voyons pas là un médiocre mérite pour les Italiens d'avoir su s'inspirer à propos d'une architecture née en dehors de leur civilisation sans la copier servilement. Ne soyons point injustes en voulant être admirateurs trop exclusifs. Notre architecture ogivale est magnifique d'idée, d'élan et d'expression. L'architecture ogivale italienne est har- monieuse et douce, elle a quelque chose d'heureux dans la masse, de gracieux dans les détails : c'esl-à -dire qu'elles sorti belles toutes deux et chacune dans son génie propre.