page suivante »
BIBLIOGRAPHIE. 241 et montrez que vous avez raison. Un auteur peut être malheureux et rester toujours honorable. Vous n'étiez pas de force à entrer en lice, il fallait vous abstenir. Vous avez voulu tenter la fortune ; subissez de bonne grâce les conséquences de votre témérité, et surtout profitez-en. Nous avons dû faire ces réflexions avant d'entrer dans l'examen du vo- lume que vient de publier BI. le Conservateur du Musée des Antiques, et qui a pour titre : Description du Musée lapidaire de Lyon, épigraphie antique du département du Rhône. Tout le monde connaît la précieuse collection épigraphique entassée sous les portiques du musée. On s'était plaint souvent qu'aucun catalogue ne vînt assurer, par un contrôle public et constant, la conservation de ces titres si intéressants de notre antique origine. Ce n'était point à tort, car la main du temps et celle des hommes en avaient fait disparaître un grand nombre. Une administration qui met sa gloire à ressusciter toutes les gloires du pays s'est émue à la pensée d'un oubli que rien ne motivait ; elle a répondu aux légitimes impatiences des hommes savants en confiant à M. Comar- mond l'honorable lâche de mettre en lumière ces trésors cachés. Nous ne doutons pas que M. le Conservateur n'ait réuni tous ses moyens pour jus- tifier le choix de l'administration. Il s'agissait, en effet, de produire une œuvre digne de la grande cité, puisqu'elle devait être faite en son nom. Mais, en lisant ce livre, nous y avons rencontré de regrettables erreurs, et cela est d'autant plus fâcheux que le nom du Conservateur du musée des Antiques peut aux yeux du grand nombre les faire passer comme des vé- rités ; ce serait manquer au respect qu'on doit à la vraie science que de ne pas les signaler. Dès l'abord, M. Comarmond nous avertit que son livre n'a point d'ordre, par ce motif : que cela eût entraîné le remaniement général de toutes les mas- ses qui encombrent les portiques, inconvénient qui se serait présenté à chaque acquisition nouvelle. Il est difficile de s'exécuter de meilleure grâce que ne le fait M. Comarmond ; car s'il n'y a pas d'ordre, à qui s'en prendre, puis- qu'il a considérablement augmenté le musée lapidaire. Mais si les monuments sont sans ordre, cela ne l'empêchait point d'en mettre dans son livre. Il eût été facile, par exemple, de séparer le moyen-âge de l'ère gallo-romaine, et, dans cette dernière, d'établir des séries par ordre de dignité, etc. Le lecteur eût trouvé cela plus intéressant et plus rationnel. La Description du musée lapidaire n'est pas un catalogue qu'on puisse promener avec soi de portique en portique, c'est un volume in-4 de plus de cinq cents pages, (|ui ne sor- tira guère d'une bibliothèque. 16