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                           DES ORIGINES BU DEVOIR.                   217

      conscience peut les dicter immédiatement. Les vertus pri-
      vées ne sont pas autres à Moscou et à Philadelphie. Toute-
      fois1, il est clair que ces vertus ne sont pas tout l'homme,
      puisqu'elles laissent en dehors de leur influence un des côtés
      essentiels de ses rapports. Les rapporls sociaux qui s'éten-
      dent et se perfectionnent ne font certainement pas naître des
      vertus dont le germe n'aurait pas existé; mais il leur don-
      ne l'occasion de se manifester. Il est incontestable que
      l'esprit de justice mutuelle, le respect du droit et le senti-
      ment de dignité qui, dans les sociétés libres, président aux
      relations politiques, sont d'un ordre bien plus élevé que la
      soumission passive qui est le lien de la société soumise au
      despotisme. Dans celle-ci pourtant, on n'a pas même la sim-
      ple idée de cet ordre de devoirs qui ne peuvent apparaître
      que dans une autre série de faits. La raison, tout absolue
      qu'elle est, ne se développe que dans l'expérience.
         Or, ce plan sur lequel s'avance l'humanité, c'est nécessai-
      rement la réalisation progressive de la fraternité et de la so-
      lidarité des hommes, sous l'action de leur raison et de leur
      liberté morale. La fraternité et la solidarité ont leur source
      première dans le dogme révélé qui seul constate clairement
      l'unité de l'espèce humaine et le lien de tous ses membres en
      Dieu. Voilà pourquoi il nous paraît évident que le devoir
      appartient à la raison, mais que la détermination la plus
      haute de la raison a sa naissance dans le dogme : La raison
      est absolue comme le devoir, mais comme le devoir aussi,
      elle projette plus ou moins ses racines dans les profondeurs
      des intelligences et des cœurs.
         Un écrivain qui a fait dans le Correspondant, un article sur
      le livre de M. J. Simon (1), y suppose « qu'en fait Dieu a
      « confié le dépôt de la loi de justice à une société visible
      « chargée d'en préciser le sens et d'en spécifier les applicst-
        (1) M. de Fontette. Voir le Correspondant du 25 juin 1854.