page suivante »
BIBLIOGRAPHIE. 153 objet de chercher sous le texte des Réflexions et des Lettres, les circonstances secrètes, et on peut dire intimes, de la vie de Mrae de la Vallière, et d'être ainsi les véritables Confessions de la célè- bre pénitenle. Les Réflexions, sorte de colloque solitaire entre elle et Dieu, furent livrées à la publicité sans son consentement et par surprise. Ecrites de sa propre main comme tin registre des mi- séricordes de Dieu et de ses plus intimes résolutions, elles ne contiennent point de dates, ni de noms propres, ni de récits de faits. Il a fallu que le commentateur saisit, sous ces cris de l'âme, les tortures qui les avaient inspirés, et que se mettant avec une tendre pitié au point de vue de la triste délaissée, il nous dévoilât la cause mystérieuse de chaque plainte qui lui échappe. C'est ce qu'il a fait avec un grand bonheur en expli- quant les Réflexions par les Lettres de Mme de la Vallière, et en y ajoutant le secours des lettres du maréchal de Bellefonds et de Bossuet, puis enfin les lumières que jettent sur notre per- sonnage les mémoires et les correspondances des contempo- rains, notamment de Mme de Motteville, de M,Ie de Montpensier, de Mme de Lafayette, de la duchesse d'Orléans, de l'abbé de Choisy, du marquis de la Fare, de Mme de Caylus, de M™ de Sé- vigné surtout. Mais M. Romain-Cornut s'est fait un devoir de tact et de bon goût de n'user de ces révélations qu'avec une grande retenue, réservant pour une publication ultérieure les parties qui lui ont semblé trop délicates ou dangereuses à fouil- ler. Donner un intérêt trop profane à de pieux entretiens lui eût paru, dit-il, une inconvenance, presque un sacrilège. Cependant, sous ce voile que l'exquise prudence de M. Ro- main-Cornut a laissé subsister à dessein, nous entrevoyons des faits des plus curieux. Le retour à Dieu et les pieuses résolutions de Mme de la Vallière, ne rencontrent point seulement les der- niers restes d'une passion, ou les souvenirs vivants du monde ; ils se heurtent à d'autres obstacles. Le royal amant a fait suc- céder le délaissement aux séductions qui avaient entraîné la pauvre égarée ; mais après l'amour rassasié et éteint, reste l'or- gueil du despote qui veut garder pour lui le privilège de l'aban- don , et se croirait blessé que sa victime appartînt à un autre,