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116 DES LETTRES de tout ce qui a été fait pour lui, il est involontairement entraîné au sentiment et à l'expression de la reconnaissance et de l'amour. Ces idées sont celles de tous les auteurs qui ont assigné aux sciences une grande place dans l'éducation de la jeunesse ; ce sont celles que nous trouvons dans le Rapport fait a l'Empereur par M. le Ministre de l'Instruction publique, lorsque , traitant de la création d'une chaire de physiologie générale , il exprime le désir que cette science soit exposée « uniquement en vue de faire admirer la nature avec plus d'intelligence, et d'en faire aimer le Créateur avec plus de conviction. » Cependant, si le gouvernement du monde est uniquement confié à des lois préétablies , la prévision ne peut être ad- mise que comme application de ces lois, l'esprit doit se ré- volter contre les faits surnaturels, et l'homme n'a qu'a utiliser les forces qui favorisent ses projets et a éviter celles qui lui feraient obstacle ; enfin, si Dieu n'exerce pas une action incessante et en quelque sorte personnelle sur la création, la prière n'a pas sa raison d'être, la prophétie et le miracle ne sauraient être admis. La lecture des poètes et des historiens est loin de nous conduire aux mêmes opinions sur la Divinité et sur le culte qui lui est dû. A la place d'un Dieu unique dominant l'homme de sa puissance et de sa sagesse infinies, nous trouvons, il est vrai, une divinité multiple, descendant jusqu'au niveau de l'humanité par ses passions et par ses faiblesses : erreur grossière que le plus simple bon sens suffit a rectifier ; mais cette divinité est vigilante, elle suit toutes les actions des hommes, et elle intervient d'une manière incessante dans la direction du monde, par sa volonté et par ses actes. A chaque instant elle se révèle par des prodiges et par la pré- diction de l'avenir, en dehors de tout principe connu.