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BIBLIOGRAPHIE. 85 logie, de la botanique et de la géologie, l'Oisans n'a presque eu jusqu'ici pour visiteurs que des hommes savants ou laborieux qui voulaient étudier la nature dans ses productions même, et tout ce que l'Europe a compté, depuis un siècle, d'hommes il- lustres dans ces sciences, sont venus four à tour saluer cette terre promise pour eux. Mais le monde des voyageurs, les tou- ristes en connaissent à peine le nom. Après avoir vu Grenoble et ses environs, après avoir visité la vallée du Graisivaudau, Uriage, la Chartreuse, etc., ils s'éloignent bientôt en jetant un regard distrait sur la chaîne qui borne leur horizon, et sans demander ce qu'il y a au-delà . » On lirait avec plaisir les différents passages dans lesquels il excite notre admiration pour ces incomparables vallées, ces sites enchantés, ces étonnants paysages, en un mot, pour toutes les merveilles que la nature prodigue à cette contrée ; mais ces pages n'auraient d'attrait que pour ceux qui ont parcouru l'Oi- sans. Les faits historiques ne seraient pas plus capables de piquer la curiosité des touristes. Aussi nous préférons rapporter ici les péripéties de la chasse au chamois, ou plutôt assister au combat du chamois et de l'aigle. « C'est surtout contre le chamois que l'aigle exerce sa force et son adresse. L'agilité du chamois sur la terre, semblable à celle du gypaète dans les airs, sa légèreté, son extrême vitesse, tout fait de ce quadrupède une proie digne du plus terrible des oiseaux. Dès que l'aigle l'a aperçu, il le suit au fond des vallons les plus sauvages, il l'aborde, l'attaque et le force à chercher son salut dans la fuite ; le chamois se réfugie alors au milieu des rochers les plus escarpés, gagne les hauteurs les plus inabordables. Poursuivi par l'aigle, il s'élance d'un glacier à l'autre et franchit les sommets avec la rapidité de l'éclair; il court, toujours sous l'œil sanglant de son adversaire, il se précipite jusqu'à ce que, épuisé de lassitude, il ne lui reste plus qu'à faire volte-face à l'ennemi. Dès lors celui-ci ne le quitte plus. Il l'observe, plane autour de lui, et feint à plusieurs reprises de se jeter sur lui. A ces fausses attaques, le chamois oppose son front et fait b'onne contenance ; mais dès que, fasciné par