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                                 LE



       COMTE DE CHALON
                            LÉGENDE.




                                  I.

   11 faisait bien froid, cette année-là, dans le beau duché de
Bourgogne ; les loups hurlaient sur les bords de la Saône et
osaient rôder jusqu'aux portes de Mâcon ; les cygnes traversaient
les brouillards à une grande hauteur ; les oies sauvages venaient
s'abattre en troupeaux dans la Prairie, et les corbeaux, après
s'être reposés un instant sous la surveillance des sentinelles, se
hâtaient de reprendre leur vol et de se diriger vers le midi.
   La noble terre de Bagé n'était pas plus épargnée par les fri-
mats. La neige couvrait tous les bouleaux, et les étangs gelés
portaient facilement le bûcheron qui se hasardait sur la glace
avec sa lourde charge sur ses épaules.
   « 11 fait encore plus froid aujourd'hui qu'hier, disait un jeune
ménestrel marchant seul sur la route blanche de neige, et re-
montant la Saône qu'il apercevait à sa gauche à travers un voile
de vapeurs ; jamais ma harpe ne m'a semblé si pesante ; les
villages que je traverse sont habités par des Sarrasins, et je ne-
veux pas m'arrêter chez eux ; les hommes d'armes du comte
Gérard m'ont repoussé et m'ont appelé vagabond. Personne
n'a voulu écouter mes ballades, ni me donner une place au coin du
feu. Oh ! ville inhospitalière de Mâcon, tu n'aimes pas les arts ! Si