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PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE. 129
éloge que s'accordent à lui donner des juges excellents et des
critiques contemporains. Selon Fontenelle , les modernes
l'emportent sur les anciens, surtout par l'art déraisonner; or,
c'est à Descartes qu'il attribue cette nouvelle méthode de rai-
sonner plus estimable, dit-il, que sa philosophie elle-même.
«Gréceùelle, il règne non seulement dans nos bons ouvragesde
métaphysique et de physique,mais dans ceux de religion5 de mo-
rale, de critique, une précision et une justesse qui jusqu'à pré-
sent n'avaient été guère connues (l).»«Le raisonnement litté-
raire, dit l'abbé Terrasson, n'est sorti de l'enfance qu'à partir
de Descaries. » « Nous devons, dil-il encore, à sa philoso-
phie l'exclusion des préjugés , le goût du vrai, le fil du rai-
sonnement qui régnent dans les bons écrits modernes depuis
l'établissement des trois académies (2)?» Je trouve aussi cette
influence de la philosophie de Descartes parfaitement appré-
ciée dans un passage de YÊloge de Gaillard qui mérite d'être
cité : « Qui peut dire jusqu'où s'est étendue cette heureuse
influence? Elle ne s'est point bornée à la philosophie. Il s'est
fait dans les esprits une révolution générale. La raison et la
méthode ont pénétré dans tous les genres. C'est depuis Des-
cartes que les ouvrages sont bien faits, que les objets sont
présentés dans l'ordre qui leur convient, dans le jour qui les
embellit, que l'érudition est sobre, que le bel esprit est décent,
que le style est précis, que le génie est sage, que le goût est
pur, que tous les arts peignent la nature et se rapprochent de
la vérité. C'est cet amour du simple et du vrai dont Descartes
a donné l'exemple qui a préparé ce siècle admirable de
Louis XIV (3). »
(t) Digression sur les anciens et les modernes.
(2) La philosophie applicable à tous les objets de l'esprit et de la raison.
(3) Cet éloge a partagé avec celui de Thomas le prix de l'Académie fran-
çaise, quoique généralement il lui soit inférieur.
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