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LES ARTISTES LYONNAIS A PAKIS. 499 fois remplie de finesse et de fermeté. Je ne doute pas de l'avenir brillant réservé à notre jeune compatriote. Vous me demanderez pourquoi, dans celte nomenclature, je n'ai pas encore cité le nom d'un architecte. C'est que la plupart de ceux qui ont embrassé celte profession sont re- tournés l'exercer dans leur patrie, après le temps consacré à leurs études. Je ne connais qu'un seul archilecte lyonnais qui ait fait de Paris le lieu de sa résidence: c'est M. Jumelin, qui a obtenu, il y a deux ans, une médaille d'or pour un ma- gnifique projet de silos ou grenier à grains, exposé au Salon. Une maison bâtie sur ses plans vient d'être récemment ter- minée dans la rue Saint-Antoine. II a bien voulu me mon- trer quelques projets: enlr'autres, ceux d'une église qu'il va élever dans le département de la Haute-Loire ; ces dessins m'ont paru remarquables au plus haut degré. Ce que je vous ai dit dans cette trop longue lettre, Monsieur et ami, doit vous montrer que nos compatriotes représentent noblement au dehors une ville peut-être moins exclusivement vouée au culte des intérêts matériels qu'on voudrait bien le faire croire. Puissent leurs efforts conquérir une influence efficace el durable. On ne peut pas le contester, le siècle ne marche pas à l'art sérieux et élevé. Si la grandeur morale n'existe plus qu'à litre de rares exceptions dans l'ordre social, espérons du moins qu'elle n'est pas totalement bannie de la classe des artistes, et que plusieurs sauront résister aux en traînemenls funestes de la popularité vulgaire, fille de la mode et du caprice. Si l'art doit succomber comme ont suc- combé tant de choses, que ce ne soit pas au nioins sans une protestation en faveur de l'idéal. CLAIR TISSEUB, Architecte. Paris, novembre, 1853.