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LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. 487 ces héroïnes des aspirations mystiques succède, symbole vi- vant de l'existence pauvre et active , sainte Zile, l'humble servante de Lucques ; le regard baissé, la tête entourée du mouchoir qui sert de coiffure aux femmes de basse condition, elle lient à la main une cruche d'eau, attribut de ses modestes fonctions. Le géant saint Christophe, peint dans les tons mâles de la fresque , porte sur ses épaules le poids terrible de l'Enfanl-Dieu , en s'appuyant sur un tronc déraciné. Saint Pierre et saint Paul, d'un geste inflexible comme l'autorité qu'ils représentent sur la terre, calmes et profonds comme l'enthousiasme qui les inspire , évangélisenl les nations. Je prends ces figures au hasard , parce que ce sont celles que je retrouve les plus distinctes dans mon souvenir, mais il faudrait- pouvoir les citer toutes. Il est encore un point caractéristique que je voudrais si- gnaler dans l'œuvre de M. Flandrin, c'est le sentiment reli- gieux qui rayonne véritablement de chaque attitude et de chaque visage; ce point est d'autant plus intéressant à exa- miner, que bien des artistes de notre temps me paraissent, s'être fait une idée fausse ou au moins incomplète du senti- ment religieux dans l'art. Quelques admirateurs trop intolé- rants du moyen-âge ont voulu proscrire l'antiquité, comme, dans un autre ordre d'idées, on a voulu bannir des enseigne- ments littéraires les écrivains de la Grèce et de Rome. Or, il est une chose incontestable pour quiconque a cherché dans l'étude et le recueillement à découvrir et reconnaître ce type éternel dont les hommes appellent ici-bas la manifestation du nom de Beauté, c'est que nulle époque et nul peuple n'en ont possédé l'initiation comme le peuple grec. Pourquoi cette race fortunée, celle nation qui ignorait tout ou presque tout des vérités révélées depuis par le Christianisme, qui, en ap- parence , se trouvait ainsi dans des conditions inférieures aux nôtres cl privées, on peut le dire, du sens des choses di~