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                            PÉLOPONÈSli.                          471
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pardessus tous les autres ; des fêtes se célébraient sans cesse en
son honneur. Le plaisir et la volupté, consacrés par la religion,
devinrent la seule occupation de ce peuple avide de jouissances.
Vénus eut pour prêtresses les mille courtisanes de Corynthe ;
elles seules furent chargées d'entretenir ses autels ; leur métier
impudique était dès-lors une fonction sacrée, et elles l'exerçaient
à la face du ciel, tandis que la vertu, rare et méprisée, se cachait
et se voilait de honte. Les femmes honnêtes, ne pouvant se mê-
ler aux scandaleuses cérémonies de la Vénus des Corynthieus,
célébraient en l'honneur de cette déesse des processions particu-
lières. Car, elles adoraient Vénus, elles aussi ; mais, la chaste
Vénus qui préside aux pudiques amours de la famille.
    Derrière le temple de Vénus, était la fontaine Pirène, auprès
de laquelle Bellérophon s'empara du cheval Pégase au moment
où il venait s'y désaltérer. Cette fontaine, qui existe encore sous
le nom de Draconèro, alimentait quatre cents citernes creusées
dans l'enceinte de l'acropole et dont on voit encore un grand
nombre aujourd'hui. Au dessus du même temple, était celui de
la Nécessité et de la Force. La porte en était close pour la multi-
tude qui ne demandait pas mieux que d'oublier la puissance fa-
tale de ces divinités. Plus bas, était le temple des Parques dont
l'accès n'était point interdit; car ce peuple, si entraîné qu'il fût
par le plaisir, aimait peut-être à reposer parfois son esprit, dans
l'idée d'une autre vie, afin de mêler, par cette pensée austère,
une religieuse tristesse à ses joies. L'image des trois parques
était cependant couverte, derrière l'autel, d'un voile impénétra-
ble, comme si l'on eût craint que l'aspect de ces impitoyables
déesses n'apportât trop d'inquiétude et d'amertume dans le cœur
de ces hommes préoccupés seulement du bonheur de vivre. Trois
petites colonnes, confondues avec les ruines d'une mosquée,
existent encore sur l'emplacement que devait occuper le temple.
Les divinités de la mort sont les seules dont il soit resté quelque
chose dans ces lieux où s'est établi leur triste et silencieux empire.
    Au sortir de la citadelle, nous descendîmes par un chemin ra-
pide qui serpente sur le flanc du rocher et passe près de l'endroit
où l'on montrait autrefois le tombeau de Lais, la plus séduisante