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456          NOTICE SUR SAlNT-RAMBERT-BE-JOtlX.
menace Saint-Rambert, reçoivent un dernier rayon du soleil;
leurs chênes penchés sur l'abîme s'empourprent un instant pour
se noyer aussitôt dans une sourde harmonie. C'est comme le
signal devant lequel tous les feux du jour s'éteignent dans les
bas lieux ; mais ils brilleront encore plus d'une heure aux. flancs
des montagnes d'Oncieu, de Suerme, de Laroche et de Névray.
 Les rochers rivaux dont nous avons parlé sont maintenant d'une
rare magnificence. Toute la lumière du ciel semble réservée pour
eux. Mille saillies invisibles pendant le jour y deviennent nette-
ment distinctes par les taches violettes qu'elles projettent sur les
 parois voisines. Il s'y élance des contreforts où l'on ne voyait
 qu'un mur calcaire, il s'y creuse des ravins où l'on ne soupçon-
 nait pas même un pli dans le sol. La verdure de Nerva et de
 Rond-Bois n'est plus ce linceul monotone qui dissimulait sous
son épaisseur des muscles puissants ; l'ombre, en s'allongeant,
 en modèle à son tour les ondulations ; c'est une tunique légère
 qui recouvre le corps sans le cacher. Quant à la base même des
deux montagnes, elle est plongée dans une nuit relative qui
donne plus d'éclat encore aux sommets. Ceux-ci prennent à cha-
 que instant une vivacité, des couleurs, des profils nouveaux. D'un
bord du bassin à l'autre, ils dessinent leur silhouette sur le flanc
des côtes d'Evôge ou d'Argis. Ils y tracent des images fantastiques
qui cheminent et s'étendent avec tous leurs profils,et ceux-ci avec
tous leurs détails, mais altérés, brisés, défigurés à chaque pas
par les mouvements imprévus du sol. Le paysage entier semble
marcher. De nouveaux sommets semblent même se former, çà
et là, par la séparation d'arêtes qu'on avait cru d'abord réunies.
Car c'est souvent un effet de la pureté merveilleuse de notre ho-
rizon, qu'on ne puisse en apprécier les distances que parle jeu
des ombres et non par le plus ou le moins de densité des vapeurs.
   Cependant l'or du soleil se glace de teintes violacées. Chaque
facette des rochers s'enflamme de lueurs plus brillantes. Plus tard,
un petit nombre de crêtes isolées, Névray, Suerme, le Crêt-Rodier,
gardent seules les feux du couchant, dans la demi-teinte géné-
rale, semblables à des charbons ardents qui marquent le passage
d'un incendie. Puis la lumière disparait tout à coup , et l'habi-