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448 NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX. choisir, mille beaux modèles à copier ; on choisit ce qui aurait dû au plus juste titre être rejeté dédaigneusement. « Vous ad- mirez cette coupole, disait Michel-Ange aux Romains devant le Panthéon d'Agrippa, eh bien ! je la porterai à deux cents pieds dans les airs. » Et nous aussi nous eûmes au sommet d'un clo- cher l'imitation du grand dôme de l'Hôtel-Dieu de Lyon. C'était très-neuf et très-sublime. Quant au vénérable toit à quatre eaux et à tuiles courbes, il n'obtint pas une voix au conseil. L'amor- tissement le plus noble, le plus commode et le moins coûteux, personne n'y songea. 0 civilisation ! c'est toi qui as imaginé de faire une injure du mot gothique, comme réunissant les idées du ridicule et du suranné. Eh quoi ! nous dira-t-on, le mal est-il si grand ? Vous avez un dôme en accolade sur voire clocher-, ce n'est pas beau, mais ce n'est pas éternel ; il faut l'abattre et le refaire.—Vous en par- lez bien à votre aise ! on voit que les fenêtres de votre maison ne sont pas , comme les nôtres, ouvertes tout juste en face de l'odieuse coiffure. D'ailleurs, en supposant que la ville consentit à cette bonne œuvre, il serait déjà trop tard pour réparer le mal. Notre clocher en a engendré d'autres. L'amour-propre des curés et des municipalités a cru, en le copiant, s'élever à la hauteur du chef-lieu de canton, et, qui sait ? de la grande ville , peut-être. A bas la centralisation ! Saint-Rambert avait grimacé le dôme grandiose de Soufflot, Tenay singe à son tour le dôme de Saint- Rambert. C'est ainsi que , par l'intermédiaire de l'homme, le plus laid macaque se rattache au Thésée du Parthénon. La disposition intérieure et la décoration de l'église de Saint- Rarnbert sont loin de répondre à la beauté de ses alentours. C'est une basilique sans collatéraux ni voûtes, flanquée sur ses côtés de chapelles inégales en grandeur, différentes par l'âge et ie style. Les plus anciennes ne semblent pas remonter au delà du XVe siècle ; aucune n'est remarquable. Le chœur, qui est moderne, ainsi que l'abside à pans, au lieu de se présenter en face de la grande porte de l'église, est jeté sur le côté gauche dont il touche la dernière chapelle , et, comme il est beaucoup plus étroit que la nef, il laisse du côté droit un grand mur lisse