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                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                    407
bien sûr ! et il n'y a plus qu'à nous envelopper de notre man-
teau pour tomber décemment ! Je sais que plusieurs prétendus
prophètes l'affirment ; on dirait qu'ils ont assisté au Conseil où
la divine Providence a prononcé que nous devions mourir, et ils
se sont charitablement chargés de nous en avertir pour nous
donner le temps de mettre ordre à nos affaires. Pour nous qui
n'avons pas eu ces révélations particulières, nous pensons, avec
le poète grec, « que l'oracle le plus sûr est de combattre pour
la patrie. » Nous nous rappelons qu'un texte sacré proclame
les nations guérissables ; et, quelque douloureux que soit le pré-
sent, quelque menaçant que soit l'avenir, nous croyons que ['es-
pérance est une vertu aussi bien pour les peuples que pour les
individus.
   Un homme illustre dont la mort récente est une grande perte, un
homme aussi savant, aussi bon et aussi sage qu'on puisse l'être ,
 Ozanam, pour tout dire en un mot, l'admirable Ozanam que nous
pleurons,que nous invoquons presque,a écrit deux beaux et solides
chapitres sur le progrès dans les siècles de décadence (1). Là, après
avoir établi philosophiquement et théologiquementla doctrine du
progrès comme l'entend le Christianisme,il la confirme a posteriori
par l'histoire des siècles les plus sombres du moyen âge, de ceux
où toute lumière semble éteinte, toute justice étouffée, où l'œil
effrayé ne voit que des ruines. Ces ruines, M. Ozanam ne les
conteste pas ; il les montre accumulées à l'entrée de trois pé-
riodes principales qui sont comme les actes de ce draine sanglant;
mais, sous chacune de ces décadences, il nous fait voir bientôt
« un progrès que le Christianisme assure, qui s'accomplit obscu-
 •
rément, sourdement, et pour ainsi dire par des voies souter-
raines ; jusqu'à ce qu'il se fasse jour et éclate enfin dans une
plus juste économie de la société, dans une plus vive lumière
des esprits. » Même dans ces époques de désordre qui sont les
maladies de ce grand être collectif appelé l'humanité, « Dieu
laisse les personnes maîtresses de leurs actes, mais il a la main
sur les sociétés, il ne souffre pas qu'elles s'écartent au delà d'un

  (I) le Correspondant, vol. XXX, p. 257 et 3Ã1