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l'.-Z. COLLOMBET. 369 On le vit, avant la République, prendre une part très-active aux réunions des ouvriers, réunions connues sous le nom de Société de saint François Xavier ; il écrivait pour ces réunions des vies de saints, il faisait des instructions aux pauvres dans les colonnes des Hospitaliers. 11 manifestait pour les pratiques pieuses la même franchise, la même indépendance que pour ses écrits. Aux processions du Saint-Sacrement, Collombet paraissait chaque année, muni de la baguette des courriers, parcourant les lignes des fidèles, non pas aux éclats de rire (on ne riait pas de Collombet), mais au grand dépit des petits voltairiens qu'indignait le noble courage du savant. Sa chambre ressemblait à celle d'un bénédictin ; il y travaillait toute la matinée, quand il n'allait pas visiter la grande bibliothèque de la ville dont il était le plus ancien et fut toujours le plus assidu lecteur; il en connaissait les plus petits recoins. I.e soir, il avait toujours quelques heures pour l'amitié. Depuis environ un an, Collombet paraissait s'affaiblir, sans qu'on pût en dire la cause. C'était bien la même intelligence, ce n'était plus le même corps. Cette organisation puissante éprouvait de temps à autre des évanouissements, la vigueur s'y éteignait par degrés. Au printemps dernier, un accident dou- loureux, en le frappant au cœur, vint accélérer cette décadence. Collombet avait vu succomber une jeune personne qu'il avait vu naître, grandir, et pour laquelle il nourrissait une tendresse toute paternelle. A dater de celte perte, son état commença à inspirer à ses amis des craintes sérieuses. On espérait pourtant que la force de l'âge, le repos, les soins aideraient à se relever cette nature encore si pleine d'existence. Mais ces espérances ne tardèrent pas à s'évanouir. Le mal, qui avait jusque-là couvé sourdement, éclata tout à coup vers la fin de septembre d'une manière terrible. Dès les premiers jours, Collombet jugea de son état et se prépara à la mort avec le calme et la fermeté d'un chrétien. « 11 n'est pas besoin de tant de papiers, disait-il un jour envoyant les ordonnances des méde- cins, c'est la fin; mais je pars sans regrets; que la volonté de Dieu s'accomplisse ! » il écrivit lui-même son testament le 4 oc- 24 "