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                            FRÉDÉRIC OZANAM.                               327
menée la conquête, pénètre au cœur de la Germanie. La foi
s'empare du peuple franc. Dès ce moment, les invasions ont
trouvé leur barrière, et l'empire romain ses successeurs. L'au-
teur s'attache à ce peuple ; et, en étudiant chez lui la civilisa-
tion chrétienne, il en considère les effets dans l'Église, dans
l'Etat et dans les lettres. »
   En 1846, Ozanam, dont la santé se trouvait déjà considérable-
ment altérée, se rendit en Italie avec une mission de M. de Sal-
vandy, ministre de l'instruction publique. Il visita Rome. Pie IX
venait de monter sur le trône pontifical et procédait à ce travail
de régénération qui fut compromis par la révolution italienne.
Le jeune écrivain avait applaudi comme catholique à cette ini-
tiative généreuse, qui allait faire disparaître le vieux préjugé
suivant lequel l'Eglise était hostile au progrès et à la liberté. Il
vit le souverain pontife et put admirer ce grand et noble carac-
tère que la révolution a si indignement calomnié. A son retour
d'Italie, il écrivait à un de nos amis communs , M. Augustin
Jouve, une lettre dont celui-ci a donné un fragment.

   « Courage ! disait-il, jamais la société n'a eu plus besoin de jeunes talents
consacrés, fortifies par de saintes croyances. J'ai passé trois mois à Rome ;
j'y ai vu de près ce grand pape que nous n'aimons pas assez, que nous n'ad-
mirons pas assez, dont nous n'étions pas dignes. Je le crois venu pour mettre
la main à de grandes choses , à la réconciliation de l'autorité et de la li -
berté, dont la lutte fait, depuis trois cents ans, le malaise du genre humain ;
c'est la même lutte qui se perpétue, d'un autre côte, entre la science et la
foi. En rentrant en France et en comptant ceux qui pourraient prêter leur
concours à l'œuvre du pontife, j'ai été profondément affligé de leur pelil
nombre. Sans doute Dieu n'a pas besoin de nous, mais il serait glorieux, il
serait méritoire de coopérer à l'accomplissement de ses desseins. »


  Trois mois après éclatait la révolution de Février. Ozanam vit,
avec le nouveau gouvernement, s'ouvrir une époque favorable
au développement de la liberté publique et de la liberté reli-
gieuse. Le 15 avril 1848, pour répondre aux vœux d'un certain
nombre de personnes qui l'avaient inscrit parmi les candidats
qu'elles se proposaient de porter à l'Assemblée nationale, Ozanam