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314 F0URV1ÈRES. d'affecter le moindre caractère religieux. Je recommande surtout à la réaction pittoresque, — si réellement elle existe, — l'im- mense bâtiment situé sur le versant occidental de la colline, et qui étale principalement sa laideur aux personnes qui se pro- mènent sur la place d'armes. Une communauté voisine en est propriétaire. À la révolution de février, il fut, je crois, dévasté par le peuple souverain, qui brûlait les métiers des couvents, et buvait le vin de leurs caves. Mis hors de service par le passage des citoyens, on en tira parti en le louant à l'autorité militaire, qui en fit une caserne. C'est alors qu'il brilla de toute sa gloire, et qu'il sembla dire à la critique : « vous voyez bien que si Von m'avait donné un caractère religieux, le pantalon garance et le baudrier suspendus à mes croisées seraient une véritable ano- malie, tandis que je suis propre à tout, et qu'après avoir été caserne, je pourrais, sans inconvénient, devenir usine ou autre chose. Regardez le couvent des Carmes - Déchaux, qui a eu la malheureuse prétention d'avoir un caractère : n'est-il pas ridi- cule avec sa population militaire ? Si l'on nous mettait l'un et l'autre en actions, je serais certainement coté bien plus haut à la Bourse, à cause de la possiblité de ma destination omnibus. » J'avoue qu'il est difficile de répondre ; et qui sait si les jésuites, réfléchissant à l'inconstance de la destinée, n'ont pas fait le. même raisonnement ? Lorsque la si pittoresque église de l'Observance tomba sous le marteau d'un grand artiste, envoyé tout exprès de la capitale du monde civilisé, est-ce que la population, ou ses représentants municipaux, firent entendre la moindre protestation? Depuis qu'elle a été remplacée par un bâtiment propre à toute autre chose qu'à une chapelle catholique, a-t-on vu la plus petite in- surrection en faveur de la raison et du bon goût? Nullement. Parlerai-je de certaines églises nouvellement construites, dont les façades ressemblent à des temples païens ou à des théâtres ? On me répondra à cela que le culte de la tradition et des souve- nirs a été aboli par le progrès. I^es nombreux exemples, fournis par l'histoire architecturale des siècles passés, me forceront à m'incliner devant l'omnipotence du fait accompli. L'enfant Jésus