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NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX. 191 sions sont exagérées. L'archéologie, l'érudition classique n'exis- taient de nom ni de fait, à l'époque du moyen âge où l'on peut soupçonner que les légendes de saint Domitien et de saint Ram- bert ont été rédigées. Nous ne nous étonnerons donc pas que les légendaires du XIme au XVme siècle, copistes ou amplifica- teurs de légendaires plus anciens, fussent incapables de repro- duire le style et les allures des siècles précédents, ni de recon- naître les âges des monuments qui les entouraient encore, et qui auraient dû leur servir de jalons pour dresser l'histoire des loca- lités. D'ailleurs, il était d'un grand intérêt pour les monastères de prouver leur préexistence aux villages dont ils voulaient exiger des redevances. En prenant le titre de fondatrice de la ville de Saint-Rambert, l'abbaye obligeait sa fille à un respect profond, à un dévouement sans bornes ; enfant pénétré de ses devoirs, la ville de son côté obéissait aux lois de la famille autant qu'à celles de la religion, en portant au couvent et ses prières et la dîme de ses moissons ; elle y trouvait, en outre,- une protection tem- porelle souvent plus efficace que celle des barons. Saint-Ram- bert, non plus que les autres bourgs qui se trouvaient dans le même cas, n'avait donc point à se plaindre de son sort, et, trompé sciemment ou par hasard, dans ces temps de misères où la justice était incertaine, où les prévaricateurs haut placés demeuraient presque toujours impunis, il n'eût rien gagné à de- venir entièrement libre, de vassal qu'il était. Bourgeois et vilains réclamant auprès d'un grand seigneur, n'auraient obtenu qu'un sourire de mépris, mais un abbé inspirait d'autres sentiments ; la crosse pesait alors autant que l'épée. Nous professons un grand respect pour les vénérables athlètes de la loi du Christ, qui tout puissants au milieu d'une société sensuelle et égoïste, eurent pourtant le courage de sacrifier leur bien-être et même leur vie à leurs croyances. Mais notre foi aux légendes qui nous ont transmis leur histoire est loin d'être sans bornes. Outre que les fraudes pieuses sont de toutes les époques, les historiens qui vinrent pendant le cours du moyen âge rassembler les traditions éparses, n'étaient ni inspirés, ni infaillibles. Nous venons de le dire , ils durent souvent mêler