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ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS. 17 Frayssinous, au début de ces conférences religieuses, ne faisait que présenter les objections telles que l'indifférence et le scepticisme du monde les devaient concevoir, car l'abbé Boyer se chargeait du rôle de réfutateur ; mais, en dépit du savoir et du talent d'un homme qui a longtemps occupé avec distinction la chaire chrélienne, il se trouva que Vavocatjlu diable déployait beaucoup plus de souplesse et d'art que l'avocat de Dieu, et, au bout de quelques essais, on pensa que l'exercice de conférencier pouvait être laissé au seul Frayssinous. Il eut surtout pour auditeurs les jeunes gens des écoles et ceux qui appartenaient aux classes élevées de la société ; ils étaient puissamment attirés par le charme de celle parole franche et loyale, exemple d'emphase et d'exagé- ration, habile à trouver la route du cœur sans indigne flat- terie, et discutant avec une indépendance et une clarté si vives les questions les plus ardues qui se rencontrent à la base des sociétés. On vit bientôt se mêler à celte élite de la jeunesse ce que Paris comptait d'hommes graves et savanls; l'orateur fut encouragé dans ses nobles efforts par des prêtres qui n'étaient certes pas inaptes à parler d'éloquence, comme l'abbé de Boulogne, et par des érudils, comme Sainte-Croix. Pendant les six premiers mois de chaque année, il prononçait ses conférences à un intervalle tantôt de huit, tanlôl de quinze jours, et en faisait ainsi environ quinze par an. Lorsque Frayssinous était descendu de la chaire , les jeunes gens trouvaient encore un directeur sage et amical dans celui qui les avait gagnés comme orateur. C'était dans la chapelle des Allemands que les réunions avaient lieu ; elle ne put suffire, dans l'été de 1806, à l'af- fluence des jeunes gens. La police, de son côté, conçut quelque inquiétude au sujet du cours d'instructions religieuses qui se renouvelait chaque année dans l'enceinte de celle cha- pelle. Au commencement de 1807, sur l'invitation de Por-